L’Homme
contre lui-même
Marcel
De Corte (1905-1994), né dans le Brabant, fut non seulement, pendant
quarante ans, professeur de philosophie à l’Université de Liège, mais
aussi, et d’abord, un philosophe et un croyant. Son œuvre abondante –
993 articles et livres recensés en 1975
– a trait à la métaphysique et à la morale, mais aussi au
droit, à la politique et aux questions religieuses.
C’est
de son vivant que parut la première thèse consacrée à sa pensée.
Son auteur, Danilo Castellano, présentait De Corte comme un “ aristotélicien
chrétien ”. Aristotélicien, De Corte l’était par sa volonté,
limpide, de “ saisie directe et immédiate du réel ”, par
sa soif de se soumettre à la “ simplicité du vrai ” et de
reconnaître l’ordre naturel des choses.
En
1963, parut L’Homme contre lui-même, aux Nouvelles
Editions Latines. Les huit chapitres qui composent le livre examinent, les
uns après les autres, les différents “ aspects de la
schizophrénie dont souffre l’homme contemporain ”. Cette
schizophrénie, ou dissociation, est un refus du réel et de la nature. La
liberté de l’homme moderne, nous dit De Corte, est devenue un
déracinement “ de l’être ”.
Qui
n’aurait lu jamais De Corte se tromperait en s’imaginant un auteur
hermétique, au langage compliqué, comme peuvent l’être les
philosophes modernes. Saisir le réel en son essence et en ses principes
peut se faire en un langage accessible à tous. Dans L’Homme contre
lui-même, Marcel De Corte établit un diagnostic de la “ schizophrénie ”
contemporaine, mais indique aussi “ la voie de la guérison
possible ”. Le livre est “ profondément réactionnaire ”,
reconnaît-il. La réaction, ici, n’est pas un simple retour en arrière
mais une (re)connaissance des “ évidences vitales ” et, d’abord,
d’un ordre naturel.
Ce
grand livre est réédité, aujourd’hui, par les Editions de Paris, avec
un lumineux avant-propos de Jean Madiran. Cette édition a été “ revue
et corrigée ” par Jean-Claude Absil. D’autres ouvrages de Marcel
De Corte devraient être réédités à l’avenir.
Extrait
de l’Avant-propos - par
Jean Madiran
Marcel
De Corte est l’un des quatre grands philosophes thomistes de langue
française au XXe siècle. Il est le plus explicitement
aristotélicien des quatre. Au Moyen Age, on disait : le Philosophe,
pour désigner Aristote. Depuis le XXe siècle, pour désigner
Marcel De Corte, nous disons : l’Aristotélicien. Comme les trois
autres, et selon l’exemple initial de Platon lui-même dont toute la
pensée, on l’oublie trop, fut tournée vers la rectification de la
Politique, Marcel De Corte a voulu apporter aux misères politiques de ses
contemporains les secours d’une philosophe vraie. Comme Charles De
Koninck avec sa Primauté du bien commun, comme Etienne Gilson dans
Pour un ordre catholique, et comme Maritain, hélas, dans Humanisme
intégral, Marcel De Corte remplit la fonction d’un Alcuin auprès
de Charlemagne.
[
…] nous sommes entrés dans un temps qui sera peut-être très long où
l’on pourra seulement, au milieu d’un monde radicalement sans Dieu,
“ sauver des îlots de santé partiellement intacts ”. Bien
avant que nous en soyons nous-mêmes tout à fait persuadés, Marcel De
Corte voyait, il y a plus de quarante ans, notre civilisation occidentale
complètement effondrée, ayant épuisé ce qui restait en elle de
civilisation chrétienne. “ Nous savons, écrivait-il, que les
civilisations ne meurent que pour faire place à d’autres qui leur
succèdent, et qu’un dépôt précieux …est confié aux générations
intermédiaires ”. C’est aux générations intermédiaires, la
sienne et les nôtres, qu’il destinait sa pensée. Il expliquait bien
sûr que le “ salut de la civilisation repose sur un retour à la
politique naturelle et à la religion surnaturelle ”. Mais il
pensait surtout à ce “ dépôt précieux ” qui passe d’une
génération à une autre, d’une civilisation à une autre. Son idée se
fait jour un peu partout aujourd’hui : des îlots, des fortins, où
le secret ne sera “ conservé d’une manière vivante que dans des
communautés restreintes ”.
Le
secret, mais quel secret ? C’est un secret à ciel ouvert, partout
visible mais partout inaperçu, un secret simple et de bon sens, mais
incompréhensible aux intelligences formatées par la domination
médiatique et la pression sociale d’idéologies délirantes. C’est le
secret perdu de la loi (morale) naturelle, c’est aussi le secret
surnaturel du catéchisme romain, conservés l’un et l’autre dans l’intimité
des familles, de quelques monastères, de quelques écoles. En somme le
livre de Marcel De Corte est le livre des secrets de santé mentale, à l’usage
des générations intermédiaires entre une civilisation qui achève de
mourir et ce qui viendra ensuite.
La
civilisation chrétienne puis son héritière infidèle la civilisation
occidentale ont peu à peu épuisé le capital sur lequel elles ont
vécu : le capital de sainteté, de coutumes, de lois, de mœurs,
amassé par le Moye Age. Il n’en reste quasiment rien. Sauf dans le
livre des secrets.
–
Le secret de Marcel De Corte, c’était donc de revenir au Moyen
Age ?
–
Point du tout. Son secret, écoutez bien, c’est de guérir ;
et guérir, a-t-il dit, n’est pas revenir à l’âge que l’on avait
quand on a commencé la maladie.
Marcel
De Corte
- L’Homme contre lui-même - Avant-propos par Jean Madiran
Préface
1 - Les transformations de l’homme contemporain
2 - Pathologie de la liberté
3 - La crise du bon sens
4 - La crise des élites
5 - Le déclin du bonheur
6 - Ce vieux diable de Machiavel
7 - Le mythe du progrès
8 - L’accélération de l’histoire et son influence sur les
structures sociales
Un
volume de 310 pages, aux Editions de Paris.
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