L'abbé
Emmanuel Barbier est emblématique d'une certaine histoire du
catholicisme à la fin du XIXe siècle.
D'abord jésuite, le père Emmanuel Barbier dirigea ou créa plusieurs
des collèges qui font, encore aujourd'hui, la gloire de la Compagnie de
Jésus. Il rédigea aussi un Manuel pratique du surveillant qui fit
autorité.
En 1901, la Compagnie de Jésus étant interdite en Franœ, le père
Barbier se retrouva religieux « clandestin ». Il choisit de quitter la
Compagnie pour devenir prêtre séculier et pouvoir s'engager, par la
plume, contre le libéralisme catholique. Il commença alors une
campagne argumentée à propos du Sillon de Marc Sangnier (cinq ouvrages
en trois ans), qui ne fut pas sans influence sur la condamnation de ce
mouvement par Rome, en 1910.
En 1908, il fonda une revue intitulée La Critique du libéralisme, qui
devint le principal organe en France du combat mené pour soutenir les
directives antimodernistes de saint Pie X. Cette revue parut jusqu'en
août 1914.
L'abbé Barbier a ainsi pris rang parmi les figures majeures de
l'antilibéralisme catholique. Il en représente avec éclat la
troisième génération, celle de saint Pie X, la génération
antimoderniste, après la génération de Pie IX (les apologistes du
Syllabus) et celle de Léon XIII (les adversaires du Ralliement et de
l'américanisme).
Après la guerre, l'abbé Barbier écrivit des ouvrages pédagogiques,
et mourut à peu près oublié en 1925, non sans avoir publié, juste
avant sa mort, une monumentale Histoire du catholicisme libéral,
appréciée des spécialistes.
Maurice
Brillaud (1886-1950), élève au collège jésuite Saint-Joseph de
Poitiers quand le père Barbier en était le recteur, resta en relations
amicales avec son ancien maître jusqu'à la mort de celui-ci. Il a tenu
à laisser par écrit ses souvenirs personnels concernant un prêtre
dont il partageait les convictions.
Yves
Chiron, spécialiste reconnu d'histoire religieuse, présente et annote
ces souvenirs, et propose une riche bio-bibliographie du directeur de La
Critique du libéralisme.
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