Au
XXXe anniversaire de la mort de Paul VI - par Yves Chiron
Sous
le pontificat de Paul VI (1963-1978), l’Eglise catholique a connu des
bouleversements considérables, elle a vécu une sorte de révolution. Si
dans certains domaines (notamment le célibat des prêtres, l’élection
du pape, la régulation des naissances, l’avortement), le Magistère a
maintenu, malgré les demandes insistantes de réformes, une position
traditionnelle, dans d’autres domaines (la liturgie, les relations avec
les non-catholiques et les non-chrétiens, les rapports au monde et à la
société), des réformes et des prises de position ont eu lieu qui, vingt
ans auparavant, sous le pontificat de Pie XII, auraient été impossibles.
À cet égard, le court pontificat de Jean XXIII (1958-1963) aura été,
au sens littéral, un pontificat de transition : un changement de
paradigme.
Le
concile Vatican II, lancé et commencé sous Jean XXIII, achevé par Paul
VI, aura été le vecteur essentiel de cette révolution. Mais aussitôt,
il faut préciser : quand on parle des bouleversements apportés par
le concile, on ne fait pas référence seulement aux textes conciliaires
eux-mêmes tels qu’ils ont été promulgués (quatre constitutions, neuf
décrets et trois déclarations) et aux réformes qui en ont été le
prolongement, mais aussi à ce qu’on pourrait appeler le
para-concile : les déclarations, ouvrages, initiatives, voire
campagnes de presse qui ont précédé, accompagné et suivi le concile.
Dès l’annonce du concile (janvier 1959) jusque bien longtemps après la
clôture (décembre 1965), en marge de l’événement conciliaire, ce
fut, la plupart du temps par ceux qui participaient eux-mêmes au concile
(cardinaux, évêques et aussi periti et théologiens), un flot continu d’analyses,
de commentaires, de suggestions, de prises de position qui étaient
relayés par la presse. Ce para-concile eut sans doute plus d’influence
immédiate sur la vie des chrétiens, leurs comportements, leurs idées,
que le concile lui-même dans ses actes promulgués.
Paul
VI a été le pape qui a mené à bien ce concile, sans le diriger
vraiment mais en réussissant, sur certains points, à imposer sa marque
et son autorité. Il a dû le faire dans une « Eglise
ébranlée », pour reprendre l’expression d’Emile Poulat. L’image
est fausse d’une Eglise catholique qui serait entrée en crise (crise d’identité,
crise de la foi, crise des vocations, remise en cause des structures et
des disciplines) suite au concile Vatican II. Cette crise a commencé à
se manifester avant le concile et celui-ci n’a pas su l’enrayer
immédiatement. Le concile, par certains aspects, a servi de révélateur
à cette crise diffuse dans l’Eglise et la façon dont le concile a
été appliqué a pu amplifier cette crise.
Au
lendemain de la mort de Paul VI, faisant un premier bilan de son
pontificat, Emile Poulat pouvait écrire : « ... il est mort
sans avoir dominé cette crise dogmatique, disciplinaire et spirituelle,
sans que ses appels à la fraternité et à la paix aient pu conjurer la
violence des conflits entre les peuples [1]. »
Les
dernières années du pontificat de Paul VI sont plutôt sombres. Un jeu
de mots courait en Italie : Paolo sesto-Paolo mesto (Paul VI,
« Paul triste »). Si les premiers grands voyages, notamment
celui en Terre sainte en 1964, avaient suscité, dans le monde entier, un
grand enthousiasme, les difficultés que le Pape eut à affronter à
partir du milieu des années 60 assombrirent le paysage et le personnage.
Un an après sa mort, son successeur évoquera le pontificat de Paul VI
comme « un martyre quotidien de sollicitude et de travail »[2].
Le grand monument à la mémoire de Paul VI, inauguré en 1984 à Brescia,
ville où il a passé son enfance et sa jeunesse, est à l’image de
cette appréciation. La statue, œuvre du sculpteur Lello Scorzelli, représente
Paul VI, tête baissée, comme accablé sous le poids de sa charge,
seulement soutenu par le grand crucifix sur lequel il s’appuie, ou se
retient presque.
Ces
images doloristes d’un pontificat ne sauraient pourtant suffire à le
définir. Paul VI est devenu pape à soixante-cinq ans. Découvrir et
comprendre les soixante-cinq années qui ont précédé son accession au
pontificat permet de mieux comprendre le sens de ses actions et de ses
décisions en tant que pape. La nécessité d’une biographie, au sens
complet du mot, s’imposait en 1993. Il n’en existait pas encore en
français. Elle est rééditée aujourd’hui, dans une version corrigée
et complétée.
Le
philosophe catholique Augusto Del Noce, au lendemain de la mort de Paul
VI, soulignait combien ce pape avait dû « œuvrer dans un des
moments les plus difficiles et les plus douloureux de toute l’histoire
de l’Eglise », celui de « la disparition du problème de
Dieu ». Paul VI a dû affronter, non plus, comme ses
prédécesseurs, un athéisme agressif « contre Dieu », mais
un athéisme d’indifférence, une société, occidentale, « sans
Dieu »[3]. Paul
VI, selon Del Noce, n’a pas fait, en cette circonstance, preuve d’hésitation
ou de prudence. Il est resté « inflexible » dans la
conservation de la foi et dans la réaffirmation des principes de la
morale catholique, même s’il faut convenir que l’ « intransigeance
doctrinale » est allée de pair avec une « large tolérance
pratique », des apparences de non-résistance et des réactions
publiques trop rares lorsqu’il s’agissait de dénoncer l’erreur ou
lorsque les principes étaient en cause.
Au
total, Augusto Del Noce estime que le pontificat de Paul VI fut « un
pontificat de résistance et d’attente », une attente plus
religieuse que politique ou tactique « parce qu’une telle attente
face à un monde, encore plus qu’hostile, incompréhensif, suppose une
foi très profonde. » Paul VI a donné la priorité au respect des
consciences sur la défense de l’objectivité de la vérité, au risque
de donner l’impression de céder au subjectivisme et au relativisme,
mais, « en profondeur, ce respect des consciences comporte une
confiance dans la vérité plus qu’en l’homme, la conviction que l’homme,
quoi qu’il fasse, ne pourra y échapper. »
Précision :
Un
correspondant romain nous signale que dans la paroisse personnelle
concédée à la FSSP à Rome pour le « rite extraordinaire »,
la messe selon le nouveau rite continuera à être célébrée (le
dimanche à midi), par un prêtre extérieur à la FSSP.
Vient
de paraître:
Paul
VI - Le pape écartelé
Édition
révisée et complétée
par Yves Chiron
Introduction
à la nouvelle édition - page9
I. L’enfant de Brescia -
page17
II. Prêtre sans avoir été
séminariste- page 33
III. Entre FUCI et
secrétairerie d’Etat- page 49
IV.
Dans la tourmente européenne- page 73
V.
L’homme de l’ombre - page 101
VI.
Archevêque de Milan- page 135
VII.
Le pape du concile- page 169
VIII.
Entre réformes et voyages- page 217
IX.
D’Humanae Vitae aux portes de la Chine- page237
X. « La tempête qui nous
assaille »- page263
Bibliographie-
page 295
Index
des noms cités - page 311
Un
ouvrage de 326 pages aux Editions Via Romana.
BON
DE COMMANDE
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____ exemplaire (s) de Paul VI. Le Pape écartelé au prix de 25 euros
franco de port.
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Berry 36250 NIHERNE
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