Rapprochements
et éloignements
- par Yves Chiron
Si
aucune information ne filtre sur les discussions éventuellement en cours
entre le Saint-Siège et la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, on
constate, à la périphérie de celle-ci, des mouvements divergents.
•
La Transalpine Congregation of the Most Hooly Redeemer, communauté
plus communément appelée « Rédemptoristes Transalpins », a
été fondée par le Père Michael Sim (Michael Mary de son nom de
religion). Il l’a créée après qu’il a été, en 1988, exclu de sa
congrégation d’origine, la Congrégation du Très Saint Rédempteur
(C.SS.R.), pour son opposition aux réformes que celle-ci avait connues et
à cause de sa fidélité à la messe traditionnelle. La maison-mère des
Rédemptoristes Transalpins est installée sur Papa Stonsay, une des îles
de l’archipel des Orcades, au nord de l’Ecosse.
Les
Rédemptoristes Transalpins ont figuré, depuis leur fondation, parmi les
« ordres religieux amis » avec lesquels la FSSPX entretenait
des relations étroites. Ses religieux recevaient une partie de leur
formation dans les séminaires de la FSSPX et recevaient les ordinations
de la main des évêques de la FSSPX. Le 19 janvier dernier encore, des prêtres
des Rédemptoristes Transalpins participaient, au côté de Mgr Fellay,
aux cérémonies de bénédiction de la nouvelle église de la FSSPX à
Gateshead, près de Newcastle.
Le 8
février dernier, le P. Michael Mary, vicaire général (c’est-à-dire
supérieur) des Rédemptoristes Transalpins, a annoncé, par un communiqué,
que sa congrégation entendait « obéir avec soumission à la
nouvelle Prière pour les Juifs telle que l’a ordonnée Sa Sainteté
Benoît XVI le 4 février 2008 ».
Un
mois plus tard, le 9 mars, il annonçait qu’il avait la volonté de
retrouver une pleine communion avec le Pape et qu’il était prêt à
engager des discussions avec le Saint-Siège en vue de régulariser la
situation de sa communauté avec le Saint-Siège : « Nous
sommes en train de travailler à une réconciliation [we are set upon
working towards reunion]. Si nous restons dans une ”communion
imparfaite” nous deviendrions éventuellement une organisation complètement
séparée. […] Nous avons été des hommes de conscience exclus par
nos frères catholiques et nos supérieurs les plus élevés parce que
nous étions cramponnés à la ”Foi de nos Pères” et à la Sainte
Messe ”malgré le feu et l’épée”. Dans cette époque troublée,
nous avons continué et nous avons joyeusement payé le prix pour cela.
Mais maintenant Pierre a parlé. Il a parlé à tous et il a parlé pour
nous. Le Vicaire du Christ veut faire savoir que l’ancienne Messe n’a
jamais été abrogée. Il demande que l’on nous autorise à la célébrer
librement. Il nous dit : ”notre cœur est ouvert pour vous…”
Oui je veux aller vers lui et parler avec lui par l’intermédiaire de
ses représentants. C’est le Pasteur. C’est le gardien du Troupeau.
C’est notre Père commun : nous sommes ses enfants. »
Le
P. Michael Mary reconnaît : « Oui, il y a encore des problèmes
sur l’œcuménisme et la collégialité, mais les problèmes ne sont pas
nouveaux dans l’Eglise et nous pourrons les traiter si nous avons la
Messe. »
•
La Fraternité Sacerdotale Saint-Josaphat (SSJK), fondée en
septembre 2000, est un autre des « ordres religieux amis » de
la FSSPX. Elle regroupe des prêtres catholiques ukrainiens de rite
oriental. Le 27 novembre 2003, Mgr Tissier de Mallerais a procédé, à
Varsovie, à l’ordination sacerdotale du P. Valodymir Voznyuk. Le 10 février
2004, le cardinal Husar, archevêque majeur de Kiev, a excommunié le Père
Kovpak, supérieur de la SSJK, à cause des liens de sa communauté avec
la FSSPX. Le P. Kovpak a fait appel au Tribunal de la Rote romaine qui a déclaré
nulle l’excommunication. Suite à de nouvelles ordinations, qui ont eu
lieu le 22 novembre 2006, une nouvelle sentence d’excommunication a été
prise contre le P. Kovpak. Le 16 octobre 2007, Mgr Fellay a procédé à
nouveau à des ordinations, portant à dix-huit le nombre des prêtres de
la SSJK. Un mois plus tard, le 16 novembre, la Congrégation pour la
doctrine de la Foi a confirmé la sentence d’excommunication du P.
Kovpak.
Une
autre excommunication est intervenue le 23 mars dernier. Elle a été portée
par le cardinal Husar contre quatre prêtres gréco-catholiques qui ont été
consacrés clandestinement et illicitement évêques : Markian V.
Hitiuk, Metodej R. Spirik, Elias A. Dohnal, Samuel R. Oberhauser. Le
premier est ukrainien, les deux autres sont tchèques et le dernier est
slovaque.
Contrairement
à ce qui a été écrit, ici ou là, ces quatre nouveaux « évêques »
n’étaient pas, semble-t-il, proches de la FSSPX. Ils se revendiquent de
l’OSBM, l’Ordre Basilien de Saint-Josaphat. Malgré la proximité
de la dénomination, il n’y a pas de liens entre la SSJK et ce groupe
qui se revendique de l’OSBM. Le consécrateur aurait été Mgr Mychaljo
Osidach, un évêque gréco-catholique.
Selon
des sources bien informées, il s’avère que ces quatre nouveaux
« évêques », qui se réclament de l’OSBM, ont été exclus
de leur ordre en 2005, décret confirmé par la Congrégation pour les
Eglises orientales. Et que le supposé évêque consécrateur est inconnu
de la hiérarchie gréco-catholique.
Un
livre d’entretiens avec Mgr Fellay
Mgr
Fellay a reçu, le 31 juillet dernier à Menzingen, deux journalistes
italiens, Alessandro Gnocchi et Mario Palmaro, pour de longs entretiens
qui font l’objet, maintenant, d’un livre, en italien.
Le
Supérieur de la FSSPX explique, en termes très clairs, qu’ « elle
est une réponse d’aujourd’hui à un problème actuel : celui du
sacerdoce. »
La rénovation du sacerdoce a été « le motif fondamental pour
lequel est née la Fraternité ».
Concernant
les relations actuelles de la FSSPX avec le Saint-Siège et le nouveau
climat créé par l’élection et l’action de Benoît XVI, Mgr Fellay déclare :
« Maintenant l’air a un peu changé. Mais il est nécessaire
d’accomplir un pas supplémentaire : s’il y a un problème, il y
a une cause. » (p. 20). Le Motu proprio sur la messe traditionnelle
a été « un jour très important pour l’Eglise » (p. 48).
Selon
Mgr Fellay, ceux qui s’opposent à la « réhabilitation » de
la FSSPX sont « les épiscopats français, allemand, hollandais,
suisse, avec une bonne partie de l’épiscopat anglais et de celui des
Etats-Unis » (p . 45). Mgr Fellay rapporte encore une anecdote
significative : il a demandé au Président de la Conférence épiscopale
française (le cardinal Ricard, à l’époque) de rendre visite à tous
les évêques français. La réponse a été la suivante : « N’allez
pas tous les voir : vous perdrez votre temps » (p. 49).
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Alessandro Gnocchi-Mario Palmaro, Rapporto sulla tradizione. A
colloquio con il successore di monsignor Lefebvre, Edizioni Cantagalli (Via Massetana
Romana 12, Casella postale 155, 53100 Siena), 96 pages, 12,50 euros. |