DU
NOUVEAU SUR MEDJUGORJE
par
Yves Chiron
Le
25e anniversaire des supposées apparitions de la Vierge Marie
à Medjugorje (plus de 35.000 à ce jour, commencées en juin 1981) a vu
accourir sur les lieux quelque 15.000 pèlerins et curieux.
Cet
anniversaire a donné lieu à un mensonge, couvert par la Conférence des
évêques de France, et à une importante décision de Benoît XVI. Les
voici, dans l’ordre chronologique.
Un
mensonge (par omission ?)
La
Conférence des évêques de France, se réfugiant derrière l’Agence
Apic, n’a pas craint de relayer une fausse information sur le sujet.
Dans la lettre hebdomadaire d’ « informations
catholiques », FlashPress-Infocatho, en date du 25 juin 2006,
une page complète d’informations sur le 25e anniversaire des
faits de Medjugorje se termine par l’affirmation, fausse,
suivante :
« L’évêque
du diocèse de Mostar-Duvno, sur le territoire duquel se trouve le
pèlerinage, Mgr Ratko Peric, préférait il y a quelques années, parler
de “prudence“ face à l’authenticité des faits. »
Comment
est-il possible de minimiser davantage un jugement qui est clairement
négatif ? En 1997, Mgr Peric n’a pas appelé à se montrer
« prudent » face aux faits de Medjugorje, il a affirmé avec
toute l’autorité épiscopale dont il est revêtu :
« Ma
conviction et ma position n’est pas seulement Non constat de
supernaturalitate, mais bien Constat de non supernaturalitate
des apparitions ou révélations de Medjugorje »[1].
En
d’autres termes, selon l’évêque de Mostar, non seulement il n’a pu
être établi que les faits de Medjugorje soient d’origine surnaturelle,
mais il a été établi que les faits ne sont pas d’origine
surnaturelle. Une telle conviction affirmée, en termes canoniques, ne
peut être réduite à une simple recommandation de prudence. En agissant
ainsi, l’équipe de FlashPress-Infocatho, et la Conférence des
Evêques de France qui l’ « héberge » sur son
site officiel, trompent les lecteurs et les catholiques.
Est-il
juste de faire porter la responsabilité de ce mensonge (au moins par
omission) sur la Conférence des évêques de France ? Certes, les
évêques de France ne sont pas les rédacteurs de FlashPress-Infocatho.
Mais, en « hébergeant » ce bulletin hebdomadaire d’informations
sur leur site officiel de communication, il me semble qu’ils doivent, au
moins, en assumer la responsabilité morale. Comment ne s’est-il pas
trouvé un évêque pour protester auprès des rédacteurs de FlashPress-Infocatho
ou, du moins, pour demander qu’un rectificatif soit publié ?
Pourtant,
l’évêque de Mostar, en pasteur vigilant, ne manque pas une occasion de
réitérer son jugement. Dernièrement encore, le 15 juin, à quelques
jours du 25e anniversaire des apparitions, en visite à
Medjugorje pour dispenser le sacrement de confirmation, il a consacré la
moitié de son homélie aux « apparitions »[2].
Il a rappelé : « Sur la base des enquêtes ecclésiastiques
menées sur les événements de Medjugorje, on ne peut affirmer qu’il s’agisse
d’apparitions ou de révélations surnaturelles. Cela signifie que l’Eglise,
à ce jour, n’a reconnu aucune de ces apparitions ni comme surnaturelles
ni comme mariales. »
Une
Commission pour un jugement définitif
Sur
Medjugorje, malheureusement, les catholiques français préfèreront, ces
temps-ci, s’informer auprès de l’USCCB
(Conférence des Evêques catholiques des Etats-Unis)
plutôt qu’auprès de la CEF (Conférence des Evêques de France).
Catholic
News Service,
le bulletin quotidien d’informations religieuses de l’USCCB, a
interrogé, le 24 juillet dernier, le cardinal Vinko Puljic, archevêque
de Sarajevo et président de la Commission épiscopale des évêques de
Bosnie-Herzégovine. Le cardinal Puljic a annoncé qu’une nouvelle
Commission canonique était en cours de formation, chargée de porter un
nouveau jugement sur les faits de Medjugorje.
Cette
Commission, placée sous l’autorité de la Conférence épiscopale des
évêques de Bosnie-Herzégovine, sera instituée en septembre prochain.
La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, consultée, a suggéré
différents noms de théologiens susceptibles de faire partie de cette
Commission.
Selon
le cardinal Puljic, le but premier de cette Commission sera de réviser le
jugement porté en 1991 par l’ex-Conférence épiscopale yougoslave
réunie à Zadar (« Il n’a pas été possible d’établir qu’il
s’agisse d’apparitions ou de révélations surnaturelles »). Il
s’agira aussi de donner de nouvelles directives pastorales. À ce jour,
les pèlerinages officiels sont interdits à Medjugorje, mais de nombreux
prêtres accompagnent toujours des pèlerinages effectués, dit-on, à
titre privé.
Sans
être prophète, on peut affirmer que cette nouvelle Commission – la 4e
depuis le début des événements, il y a un quart de siècle –, portera
un jugement et établira des directives pastorales qui seront plus
sévères que les déclarations collectives publiées jusqu’ici. Ce
nouveau jugement aura, pour avantage, d’être collégial et d’engager
toute l’Eglise. Les partisans de Medjugorje ne pourront plus repousser
le jugement de Mgr Peric en le considérant comme une opinion exprimée à
titre « privé ».
Une
lettre de la Secrétairerie d’Etat
Medjugorje
(1981-2006). « Constat de non supernaturalitate »,
a été adressé en hommage respectueux au Saint Père Benoît XVI. En
réponse, la Secrétairerie d’Etat a envoyé la réconfortante lettre
suivante, le 24 juin 2006 (date du 25e anniversaire des
supposées apparitions) :
Monsieur,
En
hommage au Saint-Père, vous avez eu la délicate attention d’offrir
un exemplaire de votre dernier ouvrage sur des phénomènes religieux
non reconnus, pour présenter la position de l’Eglise.
Je
suis chargé de vous transmettre les remerciements du Pape pour cette
marque d’attention à son égard, à laquelle il a été sensible.
Puisse ce recueil, qui a été apprécié, encourager les fidèles à
exercer, avec acuité, leur discernement dans la fidélité au
Magistère de l’Eglise.
En
vous confiant à l’intercession de la Vierge Marie, le pape vous
accorde volontiers la Bénédiction apostolique.
Je
vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments
dévoués.
Mgr
Gabriel Caccia
Assesseur
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