Souvenirs
sur Soeur Lucie de Fatima
De
Fatima, nous arrive un réconfortant petit livre consacré à Sœur Lucie,
la dernière des trois voyants de Fatima.
Lucia
Rosa Santos, après avoir passé vingt-sept années dans la congrégation
des Sœurs de Sainte Dorothée, était entrée au Carmel Santa Teresa de
Coimbra à l’âge de quarante-et-un ans, le 25 mars 1948. Elle y reçut
le nom de Sœur Marie Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé, et passa
près de cinquante-sept années dans ce monastère, où elle est morte, il
y a un peu plus d’un an.
Selon
la tradition et les constitutions de l’Ordre du Carmel, un “ profil
biographique ” de la religieuse décédée a été rédigé. Mère
Marie Céline de Jésus Crucifié, qui est Prieure du Carmel Santa Teresa,
a écrit ce “ profil biographique ”, en lui donnant, certes,
une ampleur inaccoutumée. Ce petit livre est d’autant plus précieux
que Mère Marie Céline a partagé la vie religieuse de Sœur Lucie depuis
des décennies et qu’elle resta proche d’elle jusqu’en ses derniers
instants. À partir de 2000/2001, c’est Mère Marie Céline qui ouvrait
le courrier innombrable qui parvenait à Sœur Lucie et qui répondait, en
son nom, aux correspondants.
De
ces pages, se dégage d’abord l’image d’une religieuse qui a
cherché avant tout à être fidèle à ses vœux solennels et à la
règle de son ordre : “ En tant que carmélite, elle mena
exactement la même vie que les autres Sœurs, mettant en pratique la
devise : “Extérieurement, comme les autres ; intérieurement,
comme aucune !“ […] Elle fut toujours et en tout amie de la
perfection. Elle n’aimait pas perdre son temps. ”
Ce
portrait biographique, riche en anecdotes savoureuses, n’est pas une
hagiographie mièvre. Dans les différentes fonctions qu’elle a
occupées au monastère, Sœur Lucie fut une religieuse exigeante envers
elle-même autant qu’elle était exigeante envers les autres : “ Elle
accomplissait ses devoirs avec exactitude et diligence. On pourrait penser
que pour avoir été favorisée par le Ciel d’expériences aussi
extraordinaires, elle vivait en marge de la vie courante ou hors de ce
monde…Mais non ! En tant que carmélite, elle observait à fond la
Rège. […] Elle n’avait aucune dispense et elle n’était pas moins
fidèle que les autres dans l’accomplissement de ses charges. ”
Par
bien des côtés, la personnalité et le caractère de Sœur Lucie
rappellent ceux de saint Bernadette Soubirous, la voyante de Lourdes. Même
tranquille certitude dans l’affirmation de ce qui a été “ vu ”
et même mémoire sans faille quant aux faits surnaturels. Et aussi un
caractère affirmé qui ne va pas sans un sort sens de l’humour.
Dans
ce petit livre, sont rapportés de nombreux souvenirs de Sœur Lucie sur
la période des apparitions et sur les autres périodes de sa vie
religieuse. Sont rapportés également des jugements importants de la
voyante de Fatima. Je m’attarderai uniquement à un fait
controversé : la révélation du 3e secret de Fatima.
Le
3e secret de Fatima
La
révélation du 3e secret de Fatima – ou, plus exactement de
la troisième partie du secret de Fatima – faite par le Saint-Siège, en
2000, a suscité des controverses qui sont loin d’êtres apaisées. Dans
plusieurs milieux, le texte publié et/ou son interprétation ont été
contestés. Je ne rappellerai que quelques-unes de ces contestations, dont
une très récente :
•
Quelques semaines après la divulgation du texte, et son interprétation
par le Vatican, l’abbé Fabrice Delestre, de la Fraternité Saint-Pie X,
consacre un numéro entier du Bulletin Saint Jean Eudes (Nouvelles
de Chrétienté), n° 56, de juin-juillet 2000, pour démontrer que
“ le 26 juin dernier nous fut présenté un troisième secret
tronqué, volontairement amputé de sa première partie constituée de
paroles de Notre-Dame qui seules permettent l’interprétation correcte
et authentique de la vision que l’on nous a présentée. ” “ Il
est évident que le Vatican nous cache l’essentiel ” concluait l’abbé
Delestre.
•
Pendant l’été 2005, dans un numéro spécial de près de 450 pages de
leur revue, Le Sel de la Terre, les religieux d’Avrillé, ont
traité du message de Fatima, de la consécration de la Russie (non
accomplie selon eux), et du troisième secret (objet, selon eux, d’une
“ neutralisation ” de la part du Saint-Siège). Sans
résumer l’article consacré à cette troisième partie du secret,
article déjà présenté ici, nous en rappellerons une des
conclusions : “ Matériellement, tout aurait été
livré. Mais s’il n’y a pas occultation matérielle, il y a eu
occultation formelle : tout a été fait pour fausser le sens
de Fatima – au moment même où on le livrait intégralement au public.
Le secret n’a pas été amputé, mais neutralisé, vidé de son
contenu. ”
•
En ce mois de mars 2006, Mgr Williamson, un des quatre évêques de la
FSSPX, affirme dans sa lettre mensuelle : “ …la troisième
partie du secret de Fatima, ce ”Troisième secret” dont tout le monde
catholique attendait la publication par l’Eglise en l’année fixée
pour cela par Notre Dame, 1960, n’a toujours pas été révélée (le
supposé ”Troisième Secret de Fatima” rendu public par Rome en 2000
est sûrement autre chose que le texte attendu en 1960). Mais les
meilleurs experts de Fatima considèrent que les paroles ”Au Portugal se
conservera toujours le dogme de la foi”, constituent de fait le début
du vrai Troisième secret, parce que Sœur Lucie y ajouta une fois par
écrit ”etc.”, comme si elle avait voulu signaler que c’est là qu’il
fallait insérer la suite du Troisième Secret. ”
Sœur
Lucie avait eu connaissance de ce genre de critiques et d’accusations
– car il s’agit bien d’une mise en cause de l’honnêteté du
Saint-Siège –, publiées principalement en France et aux
Etats-Unis. Mère Marie Céline rapporte la réponse qu’elle fit
à l’envoyé spécial du Saint-Siège qui voulait obtenir “ confirmation
qu’il n’y avait rien d’autre à révéler ”. Elle rapporte
aussi ses réactions sur les polémiques relatives à l’authenticité du
texte révélé par le Saint-Siège :
“ Je
lui ai dit un jour : ”Sœur Lucie, certains prétendent qu’il y a
un autre secret !”. Ce à quoi elle me répondit : ”Alors, s’ils
le connaissent, qu’ils le disent ! Moi, je ne sais rien de
plus ! …Il y a des gens qui ne sont jamais contents ! Que l’on
cesse d’en tenir compte ! ” ”.
Dans
ce livre de mémoire, de pitié, empreint de cette simplicité des âmes
contemplatives, il y a d’autres confidences, notamment sur la Sainte
Vierge qui, jusqu’à la fin, s’est manifestée visiblement à Sœur
Lucie.
Mère
Marie Céline de Jésus Crucifié, ocd
Sœur Lucie. Souvenirs sur sa
vie
Un volume de 46 pages,
disponible au prix de 4 euros (franco de port) auprès d’Aletheia
Mgr
Ricard Cardinal
Au
consistoire du 24 mars prochain, Mgr Jean-Paul Ricard, archevêque de
Bordeaux, sera créé cardinal par Benoît XVI. Depuis plus d’un quart
de siècle, déjà, Mgr Ricard s’est toujours montré très bienveillant
à mon égard. Même si l’on peut ne pas être d’accord avec
toutes les déclarations publiques du Président de la Conférence
épiscopale française, l’hommage que lui rend l’association “ Pour
la paix liturgique dans le diocèse de Nanterre” est un acte de
justice trop rare pour ne pas être reproduit.
La
Lettre de Paix liturgique
Numéro
51 – 2 mars 2006
Benoit
XVI honore un Père !
Quelle
ne fut pas notre immense joie en apprenant que Monseigneur Jean-Pierre
Ricard, archevêque de Bordeaux, président de la Conférence des
évêques de France et membre de la Commission Ecclesia Dei avait été
créé cardinal par notre Saint Père Benoît XVI le 22 février dernier
! Oui, c’est une grande joie pour toute l’Eglise de France ! C’est
de tout cœur que nous adressons nos plus chaleureuses félicitations à
Monseigneur Ricard, qui depuis toujours s’est comporté comme un Père
pour chacune des brebis du troupeau qui lui était confiée, n’en
excluant aucune, fût-elle attachée à la liturgie traditionnelle de l’Eglise…
C’est ce Père aujourd’hui que nous venons féliciter avec une
profonde reconnaissance pour l’admirable travail d’apaisement et d’édification
de la paix liturgique qu’il a toujours mené avec beaucoup de charité
et de courage pastoral. On se souvient qu’évêque de Montpellier
(1996-2001), Monseigneur Ricard fit tout ce qu’il put pour que les
fidèles de son diocèse attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise
soient considérés comme tous les autres fidèles. Non seulement, il
conforta le choix de son prédécesseur qui avait fait appel à l’Institut
du Christ Roi Souverain Prêtre pour célébrer la messe traditionnelle
à Montpellier en déclarant publiquement à leur endroit qu’ils
constituaient “ une opportune diversité ” mais aussi,
tenant compte des réalités géographiques de son diocèse et acceptant
d’écouter en vérité la forte demande des fidèles, il étendit le
ministère de ces prêtres traditionnels en leur confiant un autre
ministère à Béziers (à environ 70 km de Montpellier).
Ainsi,
depuis de nombreuses années et grâce notamment à l’extrême
bienveillance de Monseigneur Ricard, les prêtres de l’Institut du
Christ Roi Souverain Prêtre présents à Montpellier peuvent exercer
leur ministère auprès des fidèles traditionnels dans un climat de
paix et de communion diocésaine. C’est en effet dans un climat
pacifié que ces jeunes prêtres peuvent célébrer la messe mais aussi
tous les autres sacrements et développer les œuvres telles que le
scoutisme ou l’enseignement catholique en tenant compte de leur
charisme traditionnel propre. Monseigneur Ricard ne manqua pas de
manifester de diverses manières sa sollicitude pastorale vis-à-vis des
fidèles attachés à la liturgie traditionnelle : confirmations,
bénédictions de promesses de louveteaux, rencontres… Cette belle et
dynamique réalité ecclésiale n’aurait pas été possible sans l’amour
du Père commun du diocèse pour ses fidèles diocésains.
Après
les années montpelliéraines, Monseigneur Jean-Pierre Ricard fut nommé
archevêque de Bordeaux et Bazas le 21 décembre 2001. Alors que, dans
ce diocèse, les demandes anciennes et nombreuses de familles visant à
obtenir la célébration de messes traditionnelles avaient toujours
été malheureusement ignorées, Monseigneur Ricard laissa encore une
fois parler son cœur de Père et décida là aussi de réintégrer les
catholiques attachés à la liturgie traditionnelle à la vie de son
diocèse. Pour cela il confia une église, la chapelle du Christ
Rédempteur de Talence (périphérie de Bordeaux) à la Fraternité
Sacerdotale Saint Pierre qui sut très rapidement développer une
belle et paisible communauté. Aujourd’hui, cette chapelle accueille
de nombreuses familles qui sont heureuses de pouvoir vivre leur foi au
rythme de la liturgie traditionnelle de l’Eglise en communion avec
leur pasteur. À Bordeaux comme à Montpellier, Monseigneur Ricard a
permis à toutes ces familles d’avoir non seulement la possibilité d’assister
à la messe dans l’antique liturgie mais aussi d’y recevoir les
autres sacrements. Au mois de juin dernier, Monseigneur Ricard venait à
la chapelle du Christ Rédempteur en personne pour conférer le
sacrement de confirmation à de nombreux jeunes gens. Les œuvres telles
que le catéchisme ou les groupes scouts sont aussi développées à
Bordeaux en tenant compte de la sensibilité traditionnelle des
familles. Cette communauté traditionnelle de Bordeaux est un magnifique
exemple d’intégration diocésaine réussie. En sus de cet apostolat
confié à la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre, Monseigneur Ricard a
également confié un autre ministère traditionnel à l’Institut du
Christ Roi Souverain Prêtre, à Auros (situé à environ 55 km de
Bordeaux). En accueillant deux communautés traditionnelles dans son
diocèse, Monseigneur Ricard a répondu comme l’y appelle le
Saint-Père, de manière “ large et généreuse ” aux besoins
spirituels des familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise.
Quel bel exemple de Père qui sait laisser parler son cœur ! Voilà un
comportement de Père aimant qui refuse de vexer les sensibilités. Et
pour couronner le tout, lorsque, fin 2005, l'abbé de Mentque de la
Fraternité Saint Pierre a exprimé son souhait d'intégrer le
diocèse, Mgr Ricard lui a confié un ministère à l'église
Saint-Bruno, qui inclut la célébration de la messe de saint Pie V en
semaine et le dimanche à 9 h 45. La charité et le courage
pastoral de Monseigneur Ricard aujourd’hui récompensés par Benoît
XVI ne se sont pas réduits aux seules limites géographiques de son
diocèse. On se souvient que, le 25 août 2004, Mgr
Ricard conférait le sacrement de l’ordre dans l’ancien rituel au
monastère bénédictin du Barroux. Là encore quel bel exemple de
respect !
On
se souvient encore des paroles fortes de Monseigneur Ricard publiées
dans une interview de la Croix du 25 août 2005 :
“
On pourra peut-être envisager des possibilités plus larges, pour ceux
qui le souhaitent, de célébrer la messe selon le rite de saint Pie V.
Il doit y avoir place, dans l´Eglise, pour une large palette de
sensibilités, et celle qui se manifeste par le désir de célébrer
l´Eucharistie selon ce rituel ancien peut sans doute être encore mieux
accueillie qu´elle ne l´est déjà. ” Merci Monseigneur Ricard pour
votre courage pastoral et pour votre amour de Père.
Vous
nous montrez concrètement ce que peut être une véritable et
authentique paix liturgique vécue dans les diocèses. En considérant
les familles de votre diocèse attachées à la liturgie traditionnelle
comme catholiques à part entière et non pas comme des “ catholiques
de seconde catégorie ”, vous avez su cicatriser les blessures et
apaiser les tensions. Vous avez redonné confiance à tout un peuple !
Vous ne vous êtes pas comporté en homme de loi obsédé par la lettre
mais comme un Père animé par l’esprit. Ainsi vous avez permis que
toutes ces familles puissent bénéficier non seulement de la liturgie
traditionnelle pour la messe mais également pour les autres sacrements.
De même, le développement des œuvres telles que le catéchisme ou le
scoutisme dans leurs formes traditionnelles a été possible dans vos
diocèses grâce à votre charité et à votre profond respect de la
sensibilité de vos brebis. On le voit bien, dès lors que l’autorité
diocésaine met en place des églises avec des prêtres bien disposés
et disponibles pour célébrer la messe traditionnelle et tous les
sacrements chaque jour de l’année et développer une vie paroissiale,
la paix et la réconciliation s’installent. Ce type de situation peut
se traduire par la mise en place de chapellenie comme cela est le cas
dans les diocèses de Montpellier ou de Bordeaux. Il existe aussi la
magnifique expérience du diocèse de Toulon où c’est le statut de la
paroisse personnelle qui a été choisi par Monseigneur Rey.
En
effet, le vrai respect de la sensibilité particulière des fidèles
attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise doit se traduire
par la possibilité pour eux de vivre leur foi dans tous ses aspects :
messe, sacrements, catéchisme, scoutisme, écoles catholiques… Sans
cela, la paix ne peut être qu’une paix de façade, légaliste et sans
cœur. Cela, les familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise
n’en veulent pas. Elles implorent juste une application “ large et
généreuse ” des mesures d’apaisement mises en place par le grand
pape Jean Paul II.
Sylvie
Mimpontel
Au
nom de tous les délégués du mouvement pour la Paix liturgique
Rome
et la FSSPX
L’abbé
Aulagnier, ancien Supérieur du district de France de la FSSPX, dans le
n° 82 de la.revue.item.free.fr, daté du 14 mars, estime, à juste titre,
que concernant les discussions en cours entre le Saint-Siège et la FSSPX,
il est plus adéquat de parler de “ réintégration ” et de
“ normalisation ” que d’ “ accord ”.
Je
n’évoquerai pas plus avant ces discussions et la prochaine échéance
importante (le 23 mars prochain aura lieu une deuxième réunion de la
Curie autour Benoît XVI à propos de la FSSPX). Je signalerai simplement
les réponses, brèves mais claires, faites par Mgr Fellay au journal
italien Il Tempo, réponses publiées le 12 mars dernier. Mgr
Fellay, dément, comme il l’avait déjà fait dans des conférences aux
Etats-Unis, avoir eu des contacts téléphoniques directs avec le Pape.
Interrogé sur le statut canonique qui pourrait être accordé à la FSSPX
par le Saint-Siège (statut canonique qui serait inédit), Mgr Fellay
répond : “ C’est à Rome à faire des propositions ”.
Enfin, interrogé sur l’opposition que manifesterait Mgr Williamson, un
des 4 évêques de la FSSPX, à une réconciliation avec Rome,
Mgr Fellay répond : “ Je ne dirais pas cela. Je dirais
plutôt que sur cette question Williamson est plus pessimiste tandis que
je suis plus optimiste. ” |