Le
grand œuvre de
Benoît XVI - par Yves Chiron
Cette
année 2006 qui s’achève aura été riche en actes magistériels de
notre pape Benoît XVI (sa première encyclique), en nominations à des
postes-clefs, en décisions personnelles (la création de l’Institut du
Bon Pasteur), sans oublier la première condamnation du pontificat
(l’interdiction d’enseigner au théologien allemand Hasenhüttl, théoricien
et praticien de la communion interconfessionnelle). On tiendra pour
essentielle sa volonté de continuer ou de renouer des dialogues avec les
lointains ou les plus proches (l’Islam, l’orthodoxie, la Fraternité
Saint-Pie X, sans oublier, plus discret, mais très riche de promesses, le
dialogue avec certains secteurs de l’anglicanisme).
Le
motu proprio sur la liturgie traditionnelle, annoncé depuis plus d’un
an, retardé à plusieurs reprises, sera, si l’on en croit certaines
sources romaines, plus surprenant qu’on ne s’y attend et ne concernera
pas que la liturgie traditionnelle.
Il
ne faut pas considérer Benoît XVI comme un « pape traditionaliste »
– comme on l’a dit bien légèrement – ni même comme un pape qui
placerait la question « traditionaliste » au premier rang de
ses préoccupations.
Il
a une vision historique du présent de l’Eglise – son état de crise,
dans un monde dominé par le relativisme – et une vision historique de
ce que pourrait être son avenir, c’est-à-dire une vision qui n’est
pas binaire et qui ne compte pas sur des retournements brutaux. Le grand
œuvre que Benoît XVI a engagé va dans deux directions essentielles :
l’unité de l’Eglise et la prière de l’Eglise.
Son
souci de l’unité de l’Eglise, face au monde relativiste et aux forces
centrifuges, passe par un dialogue prioritaire avec les Orthodoxes. Les
problèmes franco-français pourraient faire oublier que, pour le Pape, la
réconciliation avec l’Orient orthodoxe est un engagement déterminé.
La rencontre récente avec le Patriarche de Constantinople, Bartholomée
Ier, n’est que la première étape d’un chemin qui vise au « rétablissement
de la pleine communion entre catholiques et orthodoxes ». En 2007,
la Commission mixte du dialogue catholique-orthodoxe reprendra ses travaux
après six ans d’interruption. La reprise des travaux aura lieu en
Italie, à Ravenne. Bartholomée Ier et Benoît XVI pourraient se
rencontrer à nouveau à cette occasion et décider de co-présider la
Commission.
Le
deuxième grand chantier ouvert par le Pape – rendre à la prière de
l’Eglise une place centrale et son caractère sacré – prend la voie
d’une réforme liturgique continuée. Mais Benoît XVI ne rétablira
jamais la liturgie traditionnelle dans sa primauté et son exclusivité.
Il l’a explicitement dit lui-même en plusieurs endroits (et j’ai
essayé de l’expliquer ici à plusieurs reprises), Benoît XVI veut
« réformer la réforme » liturgique engagée après Vatican
II et, à long terme, il espère, il aspire à une fusion entre le rite
traditionnel et le Novus Ordo Missæ rectifié et réformé ;
une fusion par principe d’intégration.
Il
l’a écrit, en 2003, au Professeur Barth : « …il faut
avancer pas à pas, chaque nouvelle précipitation ne produira pas de bons
résultats. Mais je crois que, dans l’avenir, l’Eglise romaine devra
avoir à nouveau un seul rite ; l’existence de deux rites est dans
la pratique difficilement ”gérable” pour les évêques et pour les prêtres.
Le rite romain de l’avenir devrait être un seul rite, célébré en
latin ou en langue populaire, mais entièrement fondé dans la tradition
du rite ancien ; il pourrait intégrer quelques nouveaux éléments,
qui ont fait leurs preuves, comme de nouvelles Fêtes, quelques nouvelles
Préfaces dans la messe, un Lectionnaire élargi – un plus grand choix
qu’avant, mais pas trop –, une Oratio fidelium, c’est-à-dire
une litanie de prières d’intercession après l’Oremus de
l’Offertoire, où il avait jadis sa place. »
Que
cette ambition – qu’il sait irréalisable dans l’immédiat – passe
par la restauration de la liturgie traditionnelle dans son droit de cité
dans l’Eglise, n’empêche pas qu’elle contredit les rêves de
restauration intégrale et unique des uns et le mélange d’anarchie et
de fixisme des autres.
Cette
ambition d’une réforme restauratrice en deux temps rencontre des résistances.
Certaines oppositions épiscopales françaises ne doivent pas être
sous-estimées (elles ont été provisoirement efficaces cet automne). Il
en est d’autres qui sont autant, sinon plus, redoutables encore :
aux Etats-Unis (refus d’appliquer les instructions reçues de Rome et dérives
théologiques différentes des dérives françaises), et aussi en Afrique
noire et en Asie (où, là, ce sont les pratiques liées à
l’inculturation de la liturgie qui font des ravages).
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