La
« réforme de la réforme » a commencé - par
Yves Chiron
Aux
journées d’études « Autour de la question liturgique »
organisées, discrètement, à l’Abbaye Notre-Dame de Fontgombault en
juillet 2001, il avait été beaucoup question de « La réforme de
la réforme », soit le dépassement, par le haut, de la crise
liturgique introduite par l’application, désordonnée, du Missel de
Paul VI.
Celui
qui était alors le cardinal Ratzinger avait conclu ces journées d’études
par une conférence où il avait évoqué la coexistence de rites
différents dans l’Eglise catholique et la question de la
« réforme de la réforme ».
Il réservait l’expression au Missel de Paul VI. Mais il n’excluait
pas la nécessité d’introduire des éléments nouveaux dans le Missel
de 1962 (introduire des « saints nouveaux » et de nouvelles
préfaces « qui proviennent du Trésor des Pères de l’Eglise »).
La
« réforme de la réforme », l’actuel Souverain Pontife l’envisageait
en trois directions :
-
« rejeter
la fausse créativité qui n’est pas une catégorie de la
liturgie », en supprimant les « espaces de
créativité » que le nouveau Missel autorise
explicitement ;
-
le
« problème grave » des traductions infidèles,
déficientes voire hérétiques (le cardinal n’employait pas le mot
mais parlait de traductions qui font « disparaître des choses
essentielles ») ;
-
« la
célébration versus populum ». « La célébration
vers l’Orient, vers le Christ qui vient, est une tradition
apostolique » disait le cardinal Ratzinger mais « je suis
contre la révolution permanente dans les églises ; on a
restructuré maintenant tant d’églises, que recommencer de nouveau
en ce moment ne me semble pas du tout opportun. Mais s’il y avait
toujours sur les autels une croix, une croix bien en vue, comme point
de référence, nous aurions notre orient, parce que finalement le
Crucifié est l’orient chrétien ».
C’est
le problème des traductions auquel commence à s’attaquer, avec
détermination, le cardinal Arinze, Préfet de la Congrégation pour le
Culte divin par une lettre en date du 17 octobre 2006, lettre adressée à
tous les Présidents des Conférences Episcopales. Dans le canon de la
messe, la formule « pro multis », prononcée par le
prêtre lors de la consécration du Précieux Sang, a été traduite, de
façon théologiquement erronée, par « per tutti » en
italien, « for all » en anglais, soit « pour
tous » en français.
De telles traductions fautives laissent entendre une sorte de salut
universel « automatique » (l’expression est du cardinal
Arinze). D’où la demande de réviser les traductions fautives.
Ci-dessous le texte intégral de la lettre du cardinal Arinze .
CONGREGATIO
DE CULTU DIVINO ET DISCIPLINA SACRAMENTORUM
Prot. N. 467/05/L
Rome, 17 octobre 2006
Votre Eminence, Votre Excellence,
En juillet 2005 la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline
des Sacrements, en accord avec la Congrégation pour la Doctrine de la
Foi, avait écrit à tous les présidents des conférences des évêques
pour leur demander leur avis sur la traduction dans les diverses langues
vernaculaires de l'expression pro multis dans la formule de
consécration du Précieux Sang pendant la célébration de la Sainte
Messe (réf. Prot. N. 467/05/L du 9 juillet 2005).
Les réponses reçues des conférences épiscopales ont été étudiées
par les deux congrégations et un rapport a été rédigé à
l'intention du Saint Père. À sa demande, la Congrégation écrit
maintenant à Votre Eminence, à Votre Excellence en ces termes :
1. Un texte correspondant aux mots pro multiples , retenu par
l'Eglise, constitue la formule qui a été en usage dans le rite romain
latin depuis les premiers siècles. Dans les 30 dernières années
quelques textes vernaculaires approuvés ont véhiculé la traduction
interprétative « pour tous », « per tutti », ou par
des mots équivalents.
2. Il n'y a aucun doute quant à la validité des messes célébrées
avec l'utilisation d'une formule dûment approuvée contenant une
formule équivalente à « pour tous », comme la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi l'a déjà déclaré (cf. Sacra Congregatio pro
Doctrina Fidei, Declaratio de sensu tribuendo adprobationi versionum
formularum sacramentalium, 25 Ianuarii 1974, AAS 66 [1974], 661). En
effet, la formule « pour tous » correspondrait assurément à une
interprétation correcte de l'intention du Seigneur exprimée dans le
texte. C'est un dogme de Foi que le Christ est mort sur la croix pour
tous les hommes et toutes les femmes (cf. Jean 11:52; 2 Corinthiens
5,14-15; Tite 2,11; 1 Jean 2,2).
3. Il y a, cependant, beaucoup d'arguments en faveur d'une traduction
plus précise de la formule traditionnelle pro multis :
a.Les Evangiles synoptiques (Mt 26,28; Mc 14,24) font expressément
référence à « beaucoup » [le mot grec traduit est "pollon"]
pour qui le Seigneur offre le Sacrifice, et ces mots ont été
soulignés par quelques érudits biblistes en relation avec les mots du
prophète Isaïe (53, 11-12). Il aurait été entièrement possible dans
les textes évangéliques d'avoir dit « pour tous » (par exemple, cf.
Luc 12.41) ; au lieu de cela, la formule donnée dans le récit
d'établissement est « pour beaucoup », et les mots ont été
loyalement traduits ainsi dans la plupart des versions bibliques
modernes.
b. Le Rite Romain Latin a toujours dit pro multis et
jamais pro omnibus dans la consécration du calice.
c. Les anaphores des divers rites orientaux, que ce soit le Grec, le
Syriaque, l'Arménien, les langues slaves, etc., contiennent
l'équivalent verbal du pro multis latin dans leurs langues
respectives.
d. « Pour beaucoup » est une traduction fidèle de pro multis,
tandis que « pour tous » est plutôt une explication propre au langage
catéchétique.
e. L'expression « pour beaucoup », tout en incluant chaque personne
humaine, induit également le fait que le salut n'est pas attribué de
façon mécanique, sans une adhésion ou une participation quelconque;
au contraire, le croyant est invité à accepter dans la foi le cadeau
qui lui est offert et à recevoir la vie surnaturelle qui est donnée à
ceux qui participent à ce mystère, le vivant dans leurs vies pour
être comptés parmi les "beaucoup" auquel le texte se
réfère.
f. En conformité avec l'instruction Liturgiam authenticam, un
effort devra être entrepris pour être plus fidèle aux textes
latins dans les éditions typiques.
4. Les Conférénces épiscopales des pays où la formule « pour
tous » ou son équivalent est actuellement en service sont
priés pour ces raisons d'entreprendre la formation nécessaire des
fidèles sur cette question dans l'année ou dans les deux années à
venir pour les préparer à la réception d'une traduction
vernaculaire précise de la formule pro multis (par
exemple, « pour beaucoup », « per molti », etc.) dans la prochaine
traduction du Missel romain que les évêques et le Saint-Siège
approuveront pour l'usage dans leur pays.
Avec l'expression de ma profonde estime et de mon profond respect, je
reste, Votre Eminence, Votre Excellence,
Fidèlement vôtre dans le Christ,
Francis Card. Arinze, Préfet
Vient
de paraître

Katharina
Tangari, née à Vienne en 1906, morte à Naples en 1989, a traversé le
XXe siècle et tous ses bouleversements dramatiques. Elle aura connu les
prisons anglaises en Italie, de 1943 à 1946, puis les prisons communistes
en Tchécoslovaquie, en 1971 et 1972.
Ces
événements extérieurs, qui la relient à la grande Histoire, ne
suffisent pas à résumer sa vie. Elle a surtout connu un chemin de
conversion qui l’a menée à entrer dans le Tiers-ordre dominicain et à
devenir une fille spirituelle de saint Padre Pio qui a été, pendant
dix-huit ans, son confesseur et son directeur spirituel.
Âme
de prière, très attachée à la dévotion du Saint Enfant Jésus de
Prague, une de caractéristiques de sa vie spirituelle a été l’ « immolation
de soi-même », qui lui a permis de mener un véritable combat pour
la sainteté du mariage, de franchir des dizaines de fois le
« Rideau de fer » dans les années 60 et 70 pour venir en aide
au clergé et aux fidèles persécutés des pays de l’Est. Puis, elle
est venue en aide aux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X jusqu’à la
fin de sa vie.
C’est
cette vie exceptionnelle qu’Yves Chiron a retracée à partir des
« carnets » inédits qu’elle a tenus régulièrement à
partir des années 1950 et de différentes autres archives.
L’itinéraire
de Katharina Tangari et la façon dont elle a surmonté les épreuves qu’elle
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