Le
dialogue entre la FSSPX et ROME : “ sans illusion ”
Dans
les quatre mois qui se sont écoulés depuis la rencontre du 29 août
dernier entre Mgr Fellay, Supérieur général de la FSSPX, et Benoît XVI,
les autorités de la FSSPX comme certaines autorités romaines ont
multiplié les déclarations publiques, non sans poursuivre le dialogue
par des échanges de correspondance et des rencontres discrètes. Dans le
flot des rumeurs, des bruits, des prises de position contradictoires et
des projets point encore réalisés, on peut relever, me semble-t-il,
quelques étapes saillantes. Cette chronologie se fonde sur les
déclarations publiques des deux parties, et aussi sur des informations,
italiennes et romaines, qui, pour certaines, n’ont pas encore transparu
dans la presse française :
•
On ne reviendra pas sur la rencontre du 29 août sur laquelle beaucoup a
été dit. Sinon pour relever deux choses.
Le
cardinal Castrillon Hoyos, Président de la Commission pontificale ”Ecclesia
Dei” depuis 2000, qui assistait à l’audience du 29 août, reste le
principal interlocuteur de la FSSPX depuis cette date.
L’insistance
de Benoît XVI sur la nécessité d’une réception du concile Vatican II
pour tous les catholiques a fortement impressionné la FSSPX. Ce qui a
amené Mgr Fellay, quelque temps après l’audience, à écrire une
lettre au Pape pour dire qu’ “ en conscience ” cette
perspective l’effrayait.
•
Différentes sources affirmaient qu’une “ libéralisation ”,
au moins partielle, de la messe traditionnelle interviendrait à l’occasion
du synode sur l’Eucharistie organisé en octobre. Les oppositions
rencontrées par Benoît XVI au sein de la Curie lui ont fait renoncer, à
ce moment-là, au décret prévu. Ces oppositions sont venues, notamment,
du cardinal Arinze, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la
Discipline des Sacrements, et de Mgr Sorrentino, secrétaire de la même
Congrégation. Ils ont signé une note de sept pages qui a été remise au
pape.
À
cette opposition, interne si l’on peut dire, s’est ajoutée une
intervention publique du cardinal Arinze. Le 7 octobre, au cours d’une
conférence de presse et alors que le synode sur l’Eucharistie était en
cours, il a affirmé que la question de la messe traditionnelle “ n’était
pas une priorité pour le synode, et que personne n’en avait
parlé ”.
On
signalera, en y voyant plus qu’une coïncidence, que Mgr Sorrentino a
été nommé, quelques semaines plus tard, évêque d’Assise et qu’un
nouveau secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin vient d’être
nommé : Mgr Ranijth, qualifié de conservateur, réputé favorable
à une plus grande liberté pour la messe traditionnelle et en phase avec
la perspective ratzinguérienne de “ réforme de la réforme ”
(en avril 2004, Mgr Ranijth avait publié dans l’Osservatore romano
un commentaire “ autorisé ” de l’instruction Redemptionis
Sacramentum, déplorant les abus engendrés par la réforme liturgique
et dénonçant l’ “ interprétation réductrice ” du
sacrement de l’Eucharistie faite par certains).
•
Le 13 novembre, dans une déclaration faite à chaîne de télévision
Canal 5, le cardinal Castrillon Hoyos a affirmé à propos de la FSSPX :
“ Nous
ne sommes pas face à une hérésie. On ne peut pas dire en termes
corrects, exacts, précis qu’il y ait un schisme. C’est une attitude
schismatique de consacrer des évêques sans mandat pontifical. Mais ils
sont dans l’Eglise, il manque seulement une pleine, une plus parfaite
– comme il a été dit lors de la rencontre avec Mgr Fellay – une plus
pleine communion, parce que la communion existe déjà. ”
Cette
déclaration a fortement et favorablement impressionné les autorités de
la FSSPX. Est affirmée publiquement – même si ce n’est pas la
déclaration solennelle que ces autorités attendent toujours – que la
FSSPX n’est ni hérétique, ni schismatique, ni excommuniée.
•
Cette déclaration a très certainement favorisé le déjeuner, discret,
qui a réuni, début décembre, le cardinal Castrillon Hoyos et Mgr Fellay.
La presse et les outils de communication internautiques français n’ont
pas, à ma connaissance, rapporté cette rencontre. Elle a eu lieu dans la
résidence du cardinal Castrillon Hoyos, Piazza della Citta Leonina. L’abbé
Marc Nély, Supérieur du district italien de la FSSPX, accompagnait Mgr
Fellay. Plus qu’un déjeuner de convivialité, il s’est agi d’une
rencontre approfondie puisque, arrivés vers 11 heures à la résidence
cardinalice, les deux clercs de la FSSPX en sont repartis après 16
heures.
Ils
ont remis au cardinal Castrillon Hoyos un exemplaire de la traduction
italienne de la biographie de Mgr Lefebvre par Mgr Tissier de Mallerais,
traduction qui vient de paraître, et aussi un memorandum sur les
objections faites par la FSSPX au concile Vatican II et aux réformes qui
l’ont suivi.
•
Le 11 décembre dernier, Mgr Fellay a fait, à Paris, une conférence
intitulée : “ Le point sur nos relations avec Rome ”.
Je ne peux qu’inviter mes lecteurs à en écouter l’enregistrement
intégral qui est disponible sur le site officiel de la FSSPX en France (www.laportelatine.org).
Le Supérieur général de la FSSPX expose longuement “ les
principes qui nous guident dans nos relations avec Rome ”. Il
reconnaît que, dans les discussions avec Rome, “ le grand point d’achoppement,
ça sera le concile ”. Il porte, sur Benoît XVI, un jugement ainsi
formulé : “ Une tête mal formée, par une philosophie
moderne, libérale, parfois moderniste, et un cœur conservateur ”.
Enfin, dans l’état actuel des discussions avec Rome, en considérant
aussi les projets de décret et de réforme en préparation, il estime
que, pour le moment, il y a “ plus d’espérance que de
mécontentement, mais sans illusion ”.
Maurice
Brillaud – Yves Chiron: L’abbé
Emmanuel Barbier (1851-1925)
L’abbé
Barbier a d’abord été un grand éducateur, directeur ou fondateur de
plusieurs collèges jésuites qui ont fait la réputation de la Compagnie
de Jésus. Puis, le “ grand exil ” des congrégations,
consécutif à la loi de 1901, l’amène à quitter la Compagnie de
Jésus et à demeurer simple prêtre, attaché à une paroisse parisienne.
C’est
alors qu’il va devenir un des principaux combattants du libéralisme
religieux et du modernisme, à travers une œuvre abondante (sur le
Sillon, notamment) et une revue, la Critique du libéralisme.
Deux
de ses livres sur le libéralisme de Léon XIII ont été mis à l’Index,
en 1908, et pourtant saint Pie X, en 1912, lui accordera une bénédiction
publique pour “ avoir très bien mérité de la cause
catholique ”. Les cinq volumes de son Histoire du catholicisme
libéral et du catholicisme social en France. Du concile du Vatican
à l’avènement de S.S. Benoît XV (1870-1914) reste un ouvrage de
référence par l’immense documentation fournie.
On
trouvera d’abord dans ce volume l’édition des “ Souvenirs ”
de Maurice Brillaud sur l’abbé Barbier.
Puis,
Yves Chiron publie une biographie de l’abbé Barbier, la première parue
à ce jour, fondée sur des sources d’archives inédites (archives
diocésaines de Paris, Nancy et Poitiers et archives jésuites de Vanves).
Elle est suivie d’une bibliographie exhaustive de l’œuvre de l’abbé
Barbier.
Maurice
Brillaud (1886-1950), romancier et mémorialiste, fut l’élève de l’abbé
Barbier à Poitiers et resta en relations avec lui jusqu’à sa mort.
Yves
Chiron, membre de la Société d’histoire religieuse de la France,
spécialiste de l’histoire religieuse contemporaine, auteur de
biographies de Pie IX (traduit en anglais, italien et espagnol), de saint
Pie X (traduit en anglais), de Pie XI (traduit en italien) et de Paul VI.
ISBN
2-35005-011-4
Un volume de 175 pages – 16 euros
A commander (avec ses
coordonnées: nom, prénom, adresse complète) à:
Association Nivoit 5, rue du
Berry 36250 NIHERNE
Chèque à l'ordre de l'Association Nivoit. |