LE
CENTRE SAINT-PAUL
Hier
1er mai, en la fête de saint Joseph, l’abbé de Tanoüarn, exclu de la
Fraternité Saint-Pie X en mars dernier, inaugurait le “ Centre
Saint-Paul ”.
La
messe a été célébrée, dignement et bellement, par l’abbé Aulagnier.
Le sermon a été prononcé par l’abbé de Tanoüarn. L’abbé Barthe,
autre exclu de la FSSPX[1], a
aidé à distribuer la communion. L’abbé Guelfucci, qui fut mêlé à l’affaire
de Bordeaux mais qui est toujours membre de la FSSPX – il est en
fonction au prieuré de Tours – , assurait les confessions.
La
chapelle, dédiée à Saint-Joseph, occupe le rez-de-chaussée du Centre
Saint-Paul, dans le quartier du Sentier. Elle était pleine et plusieurs
dizaines de fidèles ne purent y rentrer, tentant de suivre la messe
depuis la rue.
Sans
en faire la seule caractéristique du public nombreux qui se pressait à
cette messe inaugurale, on dira qu’on y voyait plus de jeans que de
mantilles.
Un
“ foyer d’énergie spirituelle ”
Dans
son sermon, l’abbé de Tanoüarn a présenté le Centre Saint-Paul. Il a
parlé longuement, sans notes. Il n’est pas inutile, pour ceux qui s’interrogent
sur les ambitions et les intentions de l’abbé de Tanoüarn, de
rapporter l’essentiel de ses propos.
Il
s’est défendu de vouloir créer une “ paroisse rivale ”
(sous-entendu de Saint-Nicolas du Chardonnet), même si trois messes y
seront dites chaque dimanche et jour de fête – à 9h, 11 h et 19 h. Le
Centre Saint-Paul, a-t-il dit, sera “ plus et autre chose ” :
un “ foyer d’énergie spirituelle ”. Dans une société
déchristianisée, où “ nous, chrétiens, sommes en quelque sorte
en terre étrangère ”, il y a “ nécessité de rayonner le
christianisme ”. D’où le patronage de saint Paul, l’Apôtre
des Gentils.
Mais,
dans le même temps, la chapelle (aménagée en dix jours), a été
dédiée à saint Joseph, parce qu’elle se trouve dans la rue
Saint-Joseph, au numéro 12. L’abbé de Tanoüarn voit aussi un “ intersigne
où la Providence se manifeste ” dans le fait que cet aménagement
et cette inauguration se fassent aux premiers temps d’un nouveau
Souverain Pontife, prénommé Joseph au baptême, devenu Benoît XVI.
Dans
un beau parallèle spirituel, l’abbé de Tanoüarn a présenté la
double vocation de la chapelle Saint-Joseph et du Centre Saint-Paul :
saint Joseph, dans l’Histoire Sainte, est “ l’homme du
dépôt ”, selon l’expression de Bossuet, “ il garde ce
que Dieu a donné de plus précieux au monde : son Fils et la Mère
de Jésus ” ; saint Paul, lui, “ diffuse, répand le
dépôt ” de la Bonne Nouvelle. Double mission donc pour le
Centre Saint-Paul : “ Pas de diffusion sans conservation, sinon
nous serions dupes de nous-mêmes ”.
Ces
belles et bonnes intentions spirituelles se concrétiseront par la
prédication et l’enseignement. Outre les messes, il y a tous les
dimanches de ce mois de mai, à 16 h 30, la prédication d’un Mois de
Marie, par l’abbé de Tanoüarn. Il y aura aussi, tous les mardis de mai
et de juin, à 20 h, des conférences. Au programme, le 3 mai, une
conférence de l’abbé de Tanoüarn, consacrée à “ L’héritage
spirituel de Jean-Paul II, ombres et lumière ” ; le 10 mai
une conférence-débat entre l’abbé Aulagnier et Michel De Jaeghere sur
“ Les défis de Benoît XVI ” ; le 17 mai, une autre
conférence-débat entre l’abbé de Tanoüarn et un mystérieux
interlocuteur pseudonyme (“ Petrus ”) : “ Le
sédévacantisme, est-ce un débat tabou ? ”. Suivront, les
mardis suivants, des conférences d’Aymeric Chauprade, d’Yves Amiot,
de l’abbé Laguérie et de l’abbé Christophe Héry.
“ L’autre
rive ”
L’abbé
de Tanoüarn, en rassemblant autour de lui, en ce jour, plusieurs exclus d’hier
ou d’avant-hier, n’entend pas lancer une sorte de “ Fraternité
Saint-Paul ”, concurrente de la Fraternité Saint-Pie X et des
autres fraternités qui se sont créées par scission. Pas une fois, dans
son sermon, le nom de la FSSPX n’a été prononcé.
En
même temps, sans y insister, il a exclu toute tentative de négociation d’un
statut auprès des autorités ecclésiastiques diocésaines (et
romaines ?) : “ pas de mesquines négociations
juridiques ” a-t-il dit.
Quand,
dans la tranquille certitude de son sermon, l’abbé de Tanoüarn
explique aux fidèles : “ nous ne sommes pas statiques, nous
passons sur l’autre rive ”, que faut-il entendre ? La rive
quittée est-elle celle où se trouve la Fraternité Saint-Pie X, d’où
sont issus les quatre prêtres qui se trouvaient là hier ? Ou, “ l’autre
rive ” est-elle celle de la réconciliation avec le Saint-Siège
dont l’abbé Aulagnier est un ardent partisan depuis plusieurs années
maintenant ?
Aux
intéressés à répondre. Je ne me permettrai pas de préjuger des
intentions des uns et des autres, intentions qui, d’ailleurs, ne sont
peut-être pas convergentes.
Le
Centre Saint-Paul deviendra, peut-être, un pôle supplémentaire de l’apostolat
spirituel et intellectuel qui caractérise d’autres lieux attachés à
la Tradition. On songe, par exemple, à la Fraternité Saint-Vincent
Ferrier, qui existe depuis vingt-cinq ans maintenant, et à sa revue Sedes
Sapientiæ[2].
LA
LAÏCITE DANS L’ÉGLISE, de
Jean Madiran
On
parle souvent de “ laïcité apaisée ” pour décrire la
situation actuelle des rapports entre les religions et l’Etat en France.
La loi du 15 mars 2004 réglant “ le port des signes religieux dans
les écoles, collèges et lycées publics en application du principe de
laïcité ” en serait l’illustration.
Jean
Madiran y décerne tout autre chose. Dans un essai très argumenté, il
estime que cette loi du 15 mars 2004 “ suppose, implique,
manifeste une nouvelle conception de la laïcité ”. L’Etat ne
veut plus seulement être “ séparé ” de l’Eglise, il
veut que l’Eglise lui obéisse. L’expression est-elle trop
forte ? Lisons Madiran :
Précisément,
que l’Eglise taise deux choses :
-
que l’Etat, pouvoir politiquement autonome, est cependant soumis à une
loi morale qui lui est supérieure, qu’il ne peut ignorer ni
modifier ;
-
que l’Eglise catholique est la seule détentrice de la vérité
religieuse tout entière.
Et
donc, qu’au contraire :
-
l’Eglise accepte, jusque dans l’ordre moral et dans la définition du
bien et du mal, la supériorité de la loi civile, émanation de la
souveraine volonté générale ;
-
et que l’Eglise ne prétende plus être la seule à détenir la vérité
religieuse intégrale.
La
laïcité n’est donc pas seulement une conception politique et sociale.
Inséparablement, elle est une conception impérieuse de qu’il est
permis ou non à l’Eglise d’enseigner à ses fidèles.
Ce
n’est plus simplement la “ laïcité de l’Etat ”. C’est
une obligatoire laïcité de l’Eglise.
La
“ laïcité de l’Eglise ”, l’Eglise de France l’a
très largement acceptée. Jean Madiran cite les rares voix qui se sont
élevées contre cette laïcisation de l’Eglise : Mgr Brincard,
évêque du Puy, Mgr Doré, archevêque de Strasbourg, Mgr Breton,
évêque d’Aire-sur-Adour et de Dax.
L’Eglise
de France, note encore Jean Madiran, se laisse conduire à atténuer puis
à taire dans son enseignement, dans sa catéchèse et dans ses écoles,
les chapitres de sa doctrine qui se déclinent autrement que les droits de
l’homme, autrement que le principe de mixité et celui de laïcité.
Précisément : elle se limite un peu trop au Rendez à César ce
qui est à César, sans énoncer aussi que le Rendez à Dieu ce qui
est à Dieu est une obligation pour César lui-même. –
Actuellement, on ne peut en convaincre le César républicain ? –
On pourrait du moins s’attacher à en convaincre les catholiques ;
en avertir aussi tous ceux qui, par hasard ou par curiosité, une fois ou
souvent, prêtent l’oreille au langage que tient l’Eglise. Ils l’entendent
ordinairement parler de psychologie, de sociologie, d’économie
politique. Ils devraient l’entendre parler de rédemption, de vie
éternelle, de salut des âmes ; de l’espérance d’un
salut ; du fait que l’Eglise seule en détient les paroles et les
sacrements, contrairement à ce qu’insinue ou proclame le Panthéon de
la laïcité républicaine. Et s’il n’est pas actuellement possible
– en effet ! – qu’un tel langage soit admis dans l‘école
publique ni à la télévision, du moins on voudrait qu’il ne cesse de
se faire entendre dans les églises et dans les monastères dans les
écoles libres et dans les cercles d’études, dans le scoutisme et les
autres associations catholiques.
Le
précédent livre de Jean Madiran, La Trahison des commissaires, n’a
pas été sans produire, semble-t-il, quelque effet sur certains
évêques. Celui-ci, et ses annexes, devrait être lu aussi avec
attention, et reconnaissance.
Jean
Madiran
La Laïcité dans l’Eglise
La nouvelle laïcité
Le sens usuel d’un mot à double sens
Le principe constitutionnel
La laïcité telle qu’on la parle au XXIe siècle
Dans le vocabulaire de l’Eglise
La stratégie de la Conférence des évêques
Face à l’Islam
Incertitudes, concepts inadéquats et contradictions
La condition du droit à l’existence
La parabole du pommier
Appendice I : La loi de 1905
Appendice II : Réflexion sur les deux pouvoirs
Appendice III : Requiem pour trente de théologie
Appendice IV : La démocratie des mœurs.
Un volume de 152 pages, aux éditions Consep.
Disponible
à Aletheia au prix de 18 euros franco. Indiquer ses NOM, PRENOM,
ADRESSE, et le nombre d'exemplaires souhaités. Paiement à la commande.
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