Mises
au point sur Fatima
La
transformation du sanctuaire de Fatima en un centre inter-religieux a
été annoncée comme un projet avéré et certain, mis en œuvre par les
autorités actuelles du sanctuaire de Fatima et avec l’approbation du
Saint-Siège. Un premier pas de cette “ évolution ” du
grand sanctuaire marial aurait été “ un service religieux
hindou ” qui se serait déroulé dans la chapelle même des
Apparitions le 5 mai dernier.
Cette
double information a fait l’objet de plusieurs articles dans des
publications catholiques qui s’en scandalisent. Il y aurait, de fait,
matière à scandale si le projet était bien celui que l’on annonce. Le
site fatima.be a lancé une “ Pétition contre le projet de
construction d’un sanctuaire interconfessionnel à Fatima ”,
pétition “ à envoyer au Saint-Père ”. La Fraternité
Sacerdotale Saint-Pie X annonce un pèlerinage à Fatima, sous forme de
“ Journées de réparation ” du 20 au 22 août 2005.
En
s’en tenant aux seuls articles récents, on signalera trois
protestations :
-
un article de l’abbé Charles Tinotti, dans L’Homme nouveau
daté du 5 septembre 2004, intitulé : “ Tempête et
subversion. Les religions de Fatima ”. Il y annonce que “ le
sanctuaire doit être reconverti en un centre pluri-confessionnel ”.
Il y évoque, pour s’en indigner, “ un service religieux hindou
[qui] s’est tenu dans la chapelle des apparitions ”.
-
la “ Lettre du Supérieur Général ” de la FSSPX, parue
dans le numéro de septembre de la Lettre aux Amis et
Bienfaiteurs du District de France de la FSSPX. Mgr Fellay déplore l’annonce
de “ la construction d’un nouvel édifice pluri-religieux ”
à Fatima et dénonce la “ provocation ” qu’a
représentée la cérémonie hindouiste du 5 mai dernier.
-
une pleine page de l’hebdomadaire Rivarol, le 12 novembre
dernier, sous la signature de Jérôme Bourbon. Sous le titre “ Offense
faite à la Vierge…et à l’Europe : Fatima livrée aux rabbins et
aux gourous ! ”, Jérôme Bourbon annonce que Fatima est
appelé à devenir “ un centre où toutes les religions du monde se
rassembleront pour rendre hommage à leur(s) dieu(x) respectif(s) ”.
Il voit là un épisode de plus de l’ “ apostasie
radicale ” de “ la Rome moderniste et [de] l’Eglise
conciliaire ”.
Or,
un article très important de Jeanne Smits, sur la transformation du
sanctuaire, est paru le 28 août dans Présent. Je l’avais
signalé alors (Aletheia, n° 61, 1.9.2004) car il apportait des
éclaircissements et des rectifications convaincantes. Jeanne Smits avait
enquêté sur place et avait établi que “ tout est parti d’un
unique article paru dans l’hebdomadaire Portugal News, journal
anglophone édité dans l’Algarve (côté sud du Portugal) ”. J.
Smits citait aussi les démentis apportés par le P. Luciano Guerra,
recteur du sanctuaire, dans la revue officielle Voz de Fatima.
L’article
de Jeanne Smits dans Présent aura donc échappé au dernier
protestataire en date (J. Bourbon). En revanche, cet article de Jeanne
Smits (et peut-être la recension qui en a été faite dans Aletheia)
n’auront pas échappé, semble-t-il, à la rédaction de L’Homme
nouveau. En effet, le numéro suivant du bimensuel, daté du 19
septembre, contenait une sorte de rectificatif. Sans faire référence à
l’article de l’abbé Tinotti qui avait été publié à la même place
dans le numéro précédent, était publié, cette fois, un “ document ”
important qui venait tout simplement le contredire. Il s’agit, sous le
titre “ Semper idem ”, de la traduction d’un
article du P. Guerra, publié dans Voz de Fatima le 29 juin 2004.
Le recteur du sanctuaire y fait de nouvelles mises au point. Mise au point
sur le “ pèlerinage ” hindouiste du 5 mai et mise au point
sur le futur sanctuaire : “ nous n’avons pas et n’avons
jamais eu l’intention de réaliser dans l’église en construction des
célébrations qui ne soient pas prévues par les directives de l’Eglise
catholique ”.
Le
recteur du sanctuaire de Fatima aura donc fait trois mises au point en
moins d’un an (13 janvier, 29 juin et 13 juillet 2004). S’il a dû les
faire, c’est que certaines de ses déclarations ont été ou
déformées, ou mal comprises ou maladroite. Mais aussi, si une
rectification n’a pas suffi, s’il a dû les répéter, c’est que les
rumeurs et les fausses informations circulent plus vite et mieux que les
éclaircissements et les démentis.
Rappelons
encore que cette église en construction est dédiée à la Très Sainte
Trinité – nom guère “ inter-religieux ” ! – et
que Jean-Paul II a offert “ un petit morceau de marbre qui provient
de la tombe de l’apôtre Saint-Pierre à Rome ” comme première
pierre de l’édifice[1]. L’inauguration
est prévue pour le 13 mai 2007.
Vient
de paraître
Égards,
la “ Revue de la résistance conservatrice ” au Canada
(5122, Chemin de la Côte-des-Neiges, C.P. 49595 Montréal, Québec,
Canada, H3T 2A5 ; le numéro 10 $) publie dans son numéro V, entre
autres articles intéressants, une étude de Jean Renaud sur “ L’idéologie
homosexuelle ” (p. 59-70). L’auteur appelle “ idéologie
homosexuelle ”, non pas seulement l’éloge de l’homosexualité,
mais une “ symbolique ” qui “ a pénétré l’ensemble
des mœurs et des doctrines modernes ” : “ le moi, la
subjectivité ” deviennent “ un critère universel ”.
Le narcissisme est une des caractéristiques principales de la modernité
anomique. Marcel De Corte, cité par l’auteur, avait fait remarquer, il
y a quarante ans : “ la philosophie contemporaine est
homosexuelle de fond en comble : l’autre en tant qu’autre
est banni, et il n’existe plus pour elle que l’autre en tant que
moi, en tant que construction de la pensée autonome ” ( “ Une
définition de la droite ”, Ecrits de Paris, juillet-août
1964). |