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Est parue dans Présent (5 rue d’Amboise, 75002
Paris), les 11, 14, 18, 19 et 21 août, une série de cinq articles de
Jean Madiran intitulée “ L’épiscopat de 2000 à 2004 face au
piège de la laïcité ”. Ces cinq pleines pages de journal
constituent une démonstration qui mérite de retenir l’attention.
Il
y a une conception catholique de la laïcité, fondée sur l’Evangile :
“ Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à
Dieu ”. Cette laïcité au sens catholique implique la
distinction entre les deux pouvoirs, temporel et spirituel (l’Etat
et l’Eglise), “ sans les opposer ni les séparer, écrit Jean
Madiran, mais en les invitant au contraire à coopérer ”.
Il
y a, par ailleurs, singulièrement en France, un autre sens du mot “ laïcité ”,
entendu comme “ séparation de la religion et de la
société civile ” (selon la définition du Littré rappelée par
Jean Madiran). C’est aussi la définition qu’en donnait Ernest Renan
dans son discours de réception à l’Académie française (1882) :
“ l’Etat neutre entre les religions, tolérant pour tous les
cultes et forçant l’Eglise à lui obéir sur ce point capital ”.
Le
débat sur la laïcité qui dure depuis plusieurs années et qui est
encore en cours, et à laquelle la Conférence épiscopale français tente
de participer, est piégé par le sens restrictif et déformé du mot et
par l’intention qui met le pouvoir politique. Jean Madiran fait une
longue analyse des déclarations des politiques comme de l’épiscopat.
Nous y renvoyons les lecteurs.
En
relevant encore de quelle façon l’épiscopat français maintient de
bonnes relations avec le pouvoir politique : “ Finalement l’épiscopat
se contente de négocier en tapinois quelques aménagements pratiques,
quelques dispositions réglementaires, quelques exemptions fiscales. En
dehors de quoi, les notes doctrinales, communiqués et déclarations
épiscopales se bornent à des exposés psychosociologiques inspirés des
“sciences humaines“ plutôt que d’une révélation divine, et
présentés comme des opinions parmi d’autres dans le débat
démocratique. ”
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À signaler, néanmoins, que l’épiscopat,
en certains de ses membres, n’est pas ignorant ou dédaigneux de “ l’influence
de la franc-maçonnerie ”. Il y a deux ans, Mgr Brincard, évêque
du Puy-en-Velay, avait fait des déclarations très fermes et
clairvoyantes sur le sujet[1].
Cette fois, c’est un autre évêque, Mgr Rey, évêque de Toulon, qui a
demandé à un mensuel catholique de préparer un dossier sur la
franc-maçonnerie et “ son influence dans le monde ”. Le
numéro paraîtra en décembre.
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À propos des liens entre l’Association pour la famille et l’Opus
Dei (Aletheia n° 59), un lecteur spécialiste du milieu associatif
catholique nous écrit : “ Les responsables de l’Association
pour la promotion de la famille (APPF) sont tous de l’Opus Dei. Ce qui
est vrai, c’est que l’œuvre entend toujours ne pas être confondue
avec les initiatives prises par ses membres, afin d’éviter les
amalgames dont ses adversaires sont friands (par exemple en parlant des
“banques“ de l’Opus Dei…). Toutefois, je pense qu’une certaine
ambiguïté subsiste dans la mesure où les membres de l’œuvre
acceptent une direction spirituelle extrêmement directive, dans tous les
domaines de leur vie, — engagements “temporels“ inclus. De plus,
François Gondrand, le précédent responsable de la communication de l’Opus
Dei en France, que j’avais interrogé sur l’APPF, avait reconnu l’origine
opusienne des animateurs de cette association (fondée face à l’inertie
des AFC), tout en affirmant son indépendance vis-à-vis de l’Œuvre ”.
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Dans le débat actuel sur la “ gnose ” et la valeur des
travaux d’Etienne Couvert, l’helléniste et latiniste Gérard Bedel a
publié, sous le nom de Philologus, une utile mise au point
sémantique sur les mots gnose, théosophie et ésotérisme [2].
À
propos du livre de Paul Sernine, La Paille et le sycomore, l’abbé
de Cacqueray, supérieur du District de France de la FSSPX, explique dans
le dernier numéro de Fideliter[3],
pourquoi il en a autorisé l’édition et la diffusion : “ je
pense que de tels débats, comme il en a toujours existé dans l’histoire
de l’Eglise, sont à même de servir la recherche de la vérité par la
confrontation des arguments, l’approfondissement des convictions justes.
(…) Cette autorisation ne signifie pas pour autant l’approbation du
livre : elle se limite à garantir que cet ouvrage ne contient rien
de contraire à la foi et aux mœurs (bien qu’une erreur soit
évidemment toujours possible). Que le livre soit maladroit, confus ou
inutile appartient au débat public des idées, et l’autorité
ecclésiastique, en permettant la parution d’un tel livre, ne s’est
pas engagée sur sa valeur intellectuelle. ”
L’abbé
de Cacqueray indique aussi en quel sens, limité, les notions de “ contre-Eglise ”
et de “ complot ” peuvent être utilisées pour qualifier le
combat mené par certains contre l’Eglise et sa doctrine.
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Le dimanche 22 août, M. l’abbé de Cacqueray, supérieur du
district de France de la FSSPX, est venu à l’église Saint-Eloi de
Bordeaux annoncer la mutation de l’abbé Laguérie, prieur de l’église.
Cette mutation, au Mexique, est refusée par l’intéressé qui a fait
appel de la décision.
L’hebdomadaire
Minute, dans son numéro du 25 août, a consacré un très long
article à l’affaire sous le titre : “ La succession de Mgr
Lefebvre en jeu — Du rififi chez les cathos tradi ”. L’article,
signé Céline Pascot, explique : “ L’auteur a commis une
faute de lèse-majesté en alertant dans un premier temps Mgr Fellay
[Supérieur général de la FSSPX], et dans un second temps une trentaine
de prêtres de la Fraternité, auxquels il a adressé une copieuse étude
statistique sur la situation des séminaires de la Frat’ ”. L’auteur
de l’article analyse la crise qui est survenue comme une lutte d’influence
à l’approche du prochain Chapitre général de la FSSPX, en 2006, qui
devra élire un nouveau Supérieur général ou confirmera l’actuel dans
ses fonctions.
Deux
autres prêtres, les abbés Héry, de Bordeaux, et de Tanoüarn, directeur
des publications Pacte et Certitudes, ont pris la défense
de l’abbé Laguérie. L’abbé de Tanoüarn estime qu’il ne s’agit
pas d’une question de personnes mais d’une question de doctrine qui
porte sur la nature de la vocation et la conception du sacerdoce.
Le
Figaro, le 27 août, a évoqué l’affaire sous le titre “ Les
catholiques lefebvristes se déchirent ” et a reproduit des propos
de Mgr Fellay au sujet des trois prêtres visés : “ Ils ne
sont pas exclus, mais ils en prennent le chemin. S’ils s’obstinent
dans la rébellion, la sanction légitime va tomber, et vite. Ils
troublent l’ordre. J’appliquerai donc le droit et je n’ai pas l’esprit
de dictature. S’ils reviennent dans la voie de la vérité, alors à
tout péché miséricorde, mais il faudra réparation. ”.
Puis
était mis en circulation, par courrier et sur internet, un libelle
anonyme intitulé : “ FSSPX : L’enjeu du “bras de fer“
de la Saint-Louis 2004 ”. On peut y reconnaître, je crois, le
style et l’argumentation bien connue de Louis-Hubert Rémy, l’auteur
sédévacantiste de L’Eglise éclipsée. Il évoque l’existence
d’un “ clan Tanoüarn-Laguérie-Celier-Héry ”, les
qualifie de “ mutins modernistes ”, relie l’épisode à l’affaire
Sernine et interprète cette nouvelle affaire comme une “ offensive
contre les autorités de la Fraternité ”.
Je
ne fais que rapporter ici les positions des uns et des autres sans me
mêler à la controverse.
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Un projet d’aménagement du sanctuaire de Fatima est à l’étude.
Selon certaines informations, il s’agirait d’en faire un “ centre
inter-religieux où les religions du monde se réuniront pour rendre
hommage à leurs dieux ”. Plusieurs publications traditionalistes
se sont fait l’écho, ces derniers mois, de ce “ nouveau scandale
de Fatima ”.
Jeanne
Smits, qui a mené une enquête sur place, fait dans Présent (5
rue d’Amboise, 75002 Paris) le point sur la question. Tout est parti d’un
article paru dans un hebdomadaire anglophone, Portugal News. Les
démentis, apportés par la suite, dans l’organe officiel du sanctuaire
et par le recteur du sanctuaire, le P. Luciano Guerra, n’ont pas été
repris par la presse qui avait annoncé la fausse nouvelle.
Le
grand article de Jeanne Smits, “ Quoi de neuf à Fatima ”
(28.8.2004), a le mérite d’apporter des éclaircissements et des
rectifications convaincantes. Reste à savoir si les publications
traditionalistes qui s’étaient alarmées et avaient dénoncé une “ nouvelle
trahison du message de Fatima ” signaleront à leurs lecteurs ce
rétablissement de la vérité des faits.
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Vient de paraître : Grégoire Celier, Libéralisme et
antilibéralisme catholiques, Editions Clovis (B.P. 88, 91152 Etampes
Cedex), 78 pages, 10,50 euros :
Ch.
I : Le libéralisme.
Ch. II : Le libéralisme catholique.
Ch. III : L’école de l’antilibéralisme catholique.
Ch. IV : Nous sommes les fils des saints.
Vient
de paraître
Yves
Chiron
Pie XI (1857-1939)
Introduction
1.
L’enfant de la Brianza
2. Un jeune prêtre studieux
3. De l’Ambrosienne à la Vaticane
4. Nonce en Pologne
5. De Milan au siège de Pierre
6. Le Règne du Christ
7. Le pape des missions
8. Le pape de l’Union
9. L’Action catholique : “ refaire
la société chrétienne ”
10. Face à Mussolini
11. Les affaires de France
12. Pour une Europe nouvelle
13. Face à Hitler
14. “ Il terribile triangolo ”
15. “ La Pâques des trois encycliques ”
16. “ Nous sommes tous spirituellement des sémites ”
Sources et bibliographie
Index
Remerciements
Un
volume de 432 pages. Éditions Perrin.
Prix
en librairie : 23, 50 euros. Disponible au même prix, chez l’auteur
(franco de port).
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