Le
R.P. Marie-Dominique Philippe et Mgr Lefebvre
Sur
le site de ce qu’il appelle sa “ Paroisse électronique ”
(http://perso.wanadoo.fr/item.tradition), pour la semaine du 7 au 13 mars
2004, M. l’abbé Aulagnier a publié une “ Déclaration d’honneur
ou profession de foi ” dont nous extrayons le témoignage
suivant, à valeur historique désormais :
“ Je
me souviens d’une conversation que j’ai eue – un jour – avec Mgr
Lefebvre. Nous étions en l’année universitaire 1970-1971, peut-être
au printemps, je n’ai plus en mémoire la date exacte. Nous allions de
Fribourg à Ecône. Je le conduisais dans ma modeste 2 CV. Il me parlait
de la nouvelle attitude du RP Marie Dominique Philippe au sujet de la
messe, de la réforme liturgique. Dieu sait si ce dernier s’était
engagé dans la fondation du séminaire à Fribourg. Je le revois encore
dans la bibliothèque privée du professeur Faÿ, dans son appartement à
Fribourg, rue du Vieux Fribourg. Ils étaient cinq autour de la petite
table de la bibliothèque. De la belle fenêtre, un peu moyenâgeuse, nous
avions une belle vue sur la Sarine, la rivière qui longe la ville et
égaye la campagne. Autour de la table, je revois le professeur, à
gauche, Mgr Lefebvre, en face, le Père abbé d’Hauterives, le
Révérend Père Marie-Dominique, devant lui. Un peu en retrait, votre
serviteur et Monsieur l’abbé Piquet, un ami du séminaire français à
Santa Chiara, que Monseigneur Lefebvre protégeait. C’était en juin
1969. Mgr Lefebvre exposait la situation de l’Eglise, du sacerdoce, la
ruine de toute saine formation. Les deux religieux l’encourageaient à
faire quelque chose, une fondation. Le Révérend Père Marie-Dominique,
très vibrant, était admiratif, enthousiasmé. Il promettait ses
services, son soutien. Le Père Abbé l’assurait de son accueil en son
abbaye. Le Révérend Père Marie-Dominique était particulièrement
insistant.
Ainsi
encouragé, Mgr Lefebvre décide de rendre visite à Mgr Charrière et de
lui demander l’autorisation de faire, en son diocèse, une fondation.
Ils se séparèrent. Le RP Marie-Dominique, je vois encore la scène comme
si c’était hier, salue Mgr Lefebvre avec une affection, une estime, une
émotion remarquables. Il se mit promptement à genou, du coude heurta la
petite table, se raidit dans sa douleur et embrassa l’anneau épiscopal,
voulant montrer ainsi son adhésion, déjà son action de grâces à une
telle décision héroïque.
Le
temps passa. Il tint parole un instant puis finit par douter de l’œuvre,
de sa réussite ; à petits pas, se retira, discrètement. Cette
discrétion est à son honneur. D’autres, en d’autres temps, n’ont
pas su l’imiter…
La
nouvelle messe fut promulguée, la prise de position de Mgr Lefebvre fut
connue, rendue publique avant même le 2 juin 1971… Nous ne vîmes plus
le bon Père… Et Mgr Lefebvre qui aimait les personnes, qui était
fidèle en amitié, se lamentait – non – souffrait et se plaignait de
la nouvelle attitude du R. P. Marie-Dominique : “ Il ne comprend pas.
Ils ne comprennent pas l’importance de la messe. Elle est essentielle à
l’Eglise. ” J’entends encore le ton de sa voix. Vous imaginez
si cette phrase est restée dans mon cœur.
L’abbé
Aulagnier et le nouveau combat pour la messe
De
la même “ Déclaration ”, j’extrais un autre passage,
plus actuel, où M. l’abbé Aulagnier exprime sa position sur la nature
du combat à mener, aujourd’hui, en faveur de la messe traditionnelle.
Un combat qui doit prendre en compte les évolutions perceptibles du
Saint-Siège.
Redonnez
la Messe à l’Eglise, vous lui redonnez son âme, sa vie.
Redonnez
la Messe à l’Eglise, vous lui redonnez sa doctrine. Vous verrez alors
de nouveau “ s’étendre le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ
en ce monde ” (lettre de Mgr Lefebvre à Paul VI, le 17 juillet
1976).
Redonnez
la liberté à la Messe catholique et vous rendez – ipso facto – leurs
justes conceptions aux idées falsifiées devenues les idoles de l’homme
moderne : la liberté, l’égalité, la fraternité, la démocratie.
Pourquoi ? Parce que la messe est hiérarchique. Parce que la messe est le
mode sublime de l’adoration que tout cœur humain doit à Dieu. (…)
Vous
comprenez pourquoi nous sommes attachés à cette messe, pourquoi nous
voulons vivre de cette messe et chercherons toujours à la mieux
comprendre.
Et
c’est ainsi que l’on peut dire que la liberté de la messe dite de
Saint Pie V dans l’Eglise est en proportion de la pureté de la doctrine
librement exprimée par la hiérarchie catholique.
Elle
est totale dans le cœur de Mgr Lefebvre. Il s’en fait le juste défenseur.
Elle
est totale dans le cœur de Mgr de Castro Mayer. Il s’en fait le juste Héraut.
Elle
est maintenant totale dans le cœur de Mgr Lazo, des Philippines. Il en
redevient son libre apologiste.
Qui
potest capere capiat.
Et
c’est pourquoi tout effort, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne,
pour rendre à la Messe catholique, dite de saint Pie V, sa place dans l’Eglise,
est digne d’intérêt, de joie et d’attention, de reconnaissance La
prudence, bien sûr, s’impose après trente ans d’efforts pour la
faire disparaître.
Et
ne pas voir ces efforts et cette évidente évolution dans l’Eglise
aujourd’hui tient de la cécité.
Et
l’on connaît les dangers de suivre un aveugle…
Aussi
me suis-je réjoui profondément à la lecture des conférences du
cardinal Stickler publiées par le CIEL.
Aussi
me suis-je réjoui à la publication des livres récents du cardinal
Ratzinger dans lesquels il prend la défense du rite tridentin et dans
lesquelles il dit que doit cesser ce conflit contre la “ messe
tridentine ” :
“ Pour
la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie, il est
important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur
jusqu’en 1970. Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la
validité de cette liturgie ou qui la pratique, est traité comme un
lépreux : c’est la fin de toute tolérance. Elle est telle qu’on
n’en a pas connue durant toute l’histoire de l’Eglise. On méprise
par là tout le passé de l’Eglise. Comment pourrait-on avoir confiance
en elle au présent s’il en est ainsi. J’avoue aussi que je ne
comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se soumettent
à cette loi d’intolérance qui s’oppose aux réconciliations
nécessaires dans l’Eglise sans raison valable. ” (Card.
Ratzinger, Voici quel est notre Dieu. p. 291)
Aussi
me suis-je réjoui profondément quand je me suis aperçu que ce désir
exprimé par la hiérarchie s’intensifiait pour devenir même une
résolution ferme, constante et répétée. C’est encore le cardinal
Ratzinger qui affirme dans son livre Le Sel de la terre :
“ Je
suis certes d’avis que l’on devrait accorder beaucoup plus
généreusement à tous ceux qui le souhaitent le droit de conserver l’ancien
rite. On ne voit d’ailleurs pas ce que cela aurait de dangereux ou d’inacceptable.
Une communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était
jusqu’alors pour elle tout ce qu’il y avait de plus sacré et de plus
haut, et à qui l’on présente comme inconvenant le regret qu’elle en
a, se met elle-même en question. Comment la croirait-on encore ? Ne
va-t-elle pas interdire demain ce qu’elle prescrit aujourd’hui ?...Malheureusement
la tolérance envers des fantaisies aventureuses est chez nous presque
illimitée, mais elle est pratiquement inexistante envers l’ancienne
liturgie. On est sûrement ainsi sur le mauvais chemin. ” (Le
Sel de la terre, p. 172-173)
Aussi
n’est-il pas étonnant d’avoir vu, enfin, un cardinal, le Cardinal
Castrillon Hoyos, célébrer à Rome, sur un autel papal, à Sainte
Marie-Majeure, la messe tridentine, le 24 mai 2003. Je m’en suis
réjoui.
Car
je voyais en cet acte la confirmation du bon droit pour la Messe
catholique tridentine de retrouver toute sa place et sa liberté dans l’Eglise.
Et
ne fut-ce l’interdiction de mon supérieur, j’aurais été en bonne
place en cette basilique pour exprimer ma joie et ma reconnaissance, ainsi
que mon soutien à cet effort vrai de la hiérarchie catholique, lui
proposant main “ cordiale ”, humble et déférente pour l’aider
dans cet effort de restauration liturgique.
Telles
sont mes résolutions clairement exprimées…
Revue
des revues
.
AVE (Nieuwsbrief over Actuele Verschijningen) publie, en
néerlandais, dans son numéro 13, mars 2004, des textes intéressants et
documentés sur les pseudo révélations de Maria Valtorta. On trouve de
nouveaux échos sur différentes supposées apparitions mariales
contemporaines. Et aussi, la reproduction des décrets, en latin, qui
mettaient en garde les fidèles, dans les années 1950 et 1960, contre les
supposées apparitions de “ Notre-Dame de tous les peuples ”
à Amsterdam ; apparitions désormais reconnues au niveau diocésain.
La
revue, qui paraît quatre fois par an sur 24 pages, peut être obtenue
gratuitement en écrivant à AVE : Kapittelweg 11, NL – 1216 HR
Hilversum.
.
La revue Le Sel de la terre (Couvent de la Haye-aux-Bonshommes,
49240 Avrillé), par un supplément gratuit de quatre pages, et le
bulletin Lecture et Tradition, dans son n° 324 (B.P. 1, 86190
Chiré-en-Montreuil, 5 euros), ont répondu au livre de Paul Sernine (La
Paille et le sycomore). Etienne Couvert dénonce les analyses de Paul
Sernine comme une “ imposture ”. “ Je n’ai jamais
écrit ni pensé que la clé de toute erreur c’était la
gnose ! ” affirme-t-il.
L’abbé
de Tanoüarn répond à Alétheia
Hormis
les deux publications qu’il dirige (Certitudes et Pacte),
Monsieur l’abbé de Tanoüarn se dispense en de nombreux lieux, pour des
articles, des conférences ou des colloques. Dans Mascaret, le “ Bulletin
mensuel des Catholiques girondins ” (19 avenue De Gaulle, 33520
Bruges, 1,50 euros le numéro), il répond à la recension de son dernier
livre parue ici le 8 février.
Parce
qu’elle éclaire très utilement le débat, je crois utile de reproduire
ici cette réponse. La forte argumentation de M. l’abbé de
Tanoüarn est de discerner dans l’enseignement de Vatican II, et depuis
Vatican II, non pas une nouvelle foi, donc des hérésies, mais une “ nouvelle
religion ”. S’explique ainsi la persistance de la
déchristianisation et de la crise de l’Eglise qu’aucune profession de
foi explicite et catholique (comme le fameux Credo de Paul VI, en
1968) ne suffit à enrayer. C’est “ l’ordre philosophique ”,
dit l’abbé de Tanoüarn, qui est en jeu. |