La
messe pontificale de la solennité de sainte Cécile
La
messe selon le rite romain traditionnel qu’a célébrée hier, samedi 22
novembre, le cardinal Jorge Medina Estevez, à Paris, n’a pas été le
pendant français de la “ messe historique ” du 24 mai
célébrée à Rome par le cardinal Castrillon Hoyos (cf. Alétheia
n° 43). Certes, ce fut une messe splendide, avec chant grégorien et
motets baroques, en présence d’un nombre important de fidèles.
Beaucoup durent rester debout sur les bas-côtés et au fond de l’église.
Les monastères, congrégations et fraternités, en communion avec le
Saint-Siège grâce à l’indult de 1988, avaient envoyé des
représentants. À bon droit, tous pouvaient se réjouir de voir une messe
selon le rite romain traditionnel être célébrée dans une église
française par un cardinal ancien Préfet de la Congrégation pour le
Culte divin.
Depuis
l’indult de 1988, à la fois libératoire et appliqué avec tant de
parcimonie, bien du chemin a été parcouru. Chaque dimanche, dans plus de
la moitié des diocèses français, au moins une messe traditionnelle,
selon l’indult, est célébrée. 55 % des diocèses avec une messe
traditionnelle hebdomadaire, cela signifie aussi 45 % sans messe
traditionnelle hebdomadaire (et même 35 % des diocèses sans messe
traditionnelle du tout). Si l’on prend en compte les prieurés et les
chapelles desservies par la Fraternité Saint-Pie X, les données
statistiques sont, bien sûr, très différentes.
La
restauration de plein droit de la messe traditionnelle dans tous les
diocèses, et dans toute l’Eglise, n’est pas encore acquise. Et c’est
de ce point de vue que la messe du 22 novembre n’a pas été un
événement historique.
Après
la procession d’entrée, Mgr Chauvet, vicaire général du diocèse de
Paris, a accueilli le cardinal Medina par un petit discours. Il apprenait
aux fidèles que le cardinal Lustiger avait “ invité ” le
cardinal Medina à venir célébrer la solennité de sainte Cécile à l’occasion
du centenaire du motu proprio Tra le sollecitudini , motu proprio
sur la musique sacrée pris par saint Pie X dès le début de son
pontificat. Mgr Chauvet rappelait aussi que la messe traditionnelle était
célébrée habituellement, par la libéralité de l’archevêque de
Paris, dans deux paroisses (Saint-Eugène Sainte-Cécile et Sainte-Odile)
et une chapelle (celle des Pères de Saint-Vincent-de-Paul). Il rappelait
encore que chaque dimanche, à la cathédrale Notre-Dame de Paris, est
célébrée une messe en grégorien, selon le rite de Paul VI.
En
revanche, Mgr Chauvet n’eut pas un mot sur les catholiques traditionnels
qui vont chercher leur nourriture spirituelle dans les prieurés et les
chapelles de la FSSPX. Il remercia l’association Una Voce,
co-organisatrice de cette journée et de cette messe, mais oubliait de
remercier le C.I.E.L. (Centre International d’Etudes Liturgiques), autre
organisateur, sinon le principal, de cette journée et de cette messe.
Rappelons que le C.I.E.L. organisait, en lien avec ces cérémonies, un
colloque international de liturgie qui avait commencé le 20 novembre.
Beaucoup
espéraient que le cardinal Medina donnerait, comme l’avait fait le
cardinal Castrillon de Hoyos à Rome en mai, quelque parole de réconfort
voire de réhabilitation de la messe traditionnelle. Il n’en a rien
été pendant cette messe. Dans son sermon de vingt minutes, le cardinal a
fait un commentaire, d’une belle élévation, sur le motu proprio de
saint Pie X. Il a mis en évidence le lien entre le rite romain et le
chant grégorien. Il a souhaité que le chant grégorien et la musique
sacrée puissent “ revitaliser ” les “ églises
cathédrales et paroissiales ”. Son sermon s’est terminé par une
inquiétude sur “ la vague de sécularisation ” qui submerge
les sociétés, et qui risque de submerger l’Eglise, et dont un des “ fruits
vénéneux ” est la “ disparition du sens du sacré, donc du
sens de Dieu ”.
La
controverse
À
l’entrée de l’église Saint-Eugène, avant la messe, des fidèles
avaient distribué un tract édité par “ le clergé de St-Nicolas
du Chardonnet ”. Ce tract est intitulé : “ NON à la
messe d’un jour, OUI à la doctrine et à la messe de toujours ”.
Faisant
allusion à la messe du 24 mai et à celle qui allait se célébrer ce 22
novembre, “ le clergé de St-Nicolas de Chardonnet ”
estimait : “ Ces faits purement ponctuels posés par des
prélats qui, quotidiennement, célèbrent la nouvelle messe de Paul VI ne
sont pas des signes suffisants d’une volonté de permettre la messe
tridentine à tout prêtre de l’Eglise catholique, sans restriction
aucune, encore moins des signes de volonté de restaurer l’Eglise par la
doctrine et la messe de toujours. ”
Le
feuillet de controverse se termine par une prise de position qui rappelle
que la FSSPX ne demande pas (ou plus) seulement la liberté totale de
célébration de la messe traditionnelle mais aussi une révision
doctrinale : il faut “ que les discours en faveur de l’ancien
rite soient accompagnés d’une réelle volonté de remettre en cause les
faux principes du concile Vatican II. Tout autre action — qui ne remonte
pas à la source du problème — est vouée à l’échec. ”
On
peut donc dire que cette sainte messe de la solennité de sainte Cécile,
magnifique exemple d’une liturgie sacrée, n’aura guère contribué à
l’apaisement et à la réconciliation qui restent à venir.
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La paroisse Saint-Eugène Sainte-Cécile (4 rue du Conservatoire,
75009 Paris) a réalisé un enregistrement vidéo de cette messe du 22
novembre. Ce DVD est en vente, en souscription, au pris de 18 ¤ + 2 ¤ de
port.
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Le C.I.E.L. (11 avenue Chauchard, 78000 Versailles) publie Saint
Pie X, aux sources de la participation liturgique, un volume de 130
pages (12 ¤ + 2 ¤ de port), où l’on trouvera le texte intégral du
motu proprio sur la musique sacrée, des documents et des études
historiques et la conférence “ Liturgie et participation ”
prononcée le 22 novembre, dans l’après-midi, par le cardinal Medina. |