Le
“silence” de Pie XII
Le
film “ Amen ” relance une polémique qui revient et s’enfle depuis
quarante ans. Elle s’est développée depuis la représentation et la
publication de la pièce de théâtre de Rolf Hochhuth, Le Vicaire
(Éditions du Seuil, 1963). Alexis Curvers répliqua à la pièce par un
livre de défense historique : Pie XII, le pape outragé (Robert
Laffont, 1964). L’ouvrage a été réédité en 1988, avec un
supplément de vingt-cinq pages, par les Éditions DMM ( 53290 Bouère).
Deux
autres études éclairent utilement la question :
-
en 1963, Joseph L. Lichten a publié aux Etats-Unis, A Question of
Judgement. Pius XII and the Jews, National Catholic Welfare Conference.
Cette étude semble inconnue des historiens français. Elle a pourtant
été traduite, non en français certes mais en italien, en 1988, sous le
titre Pio XII et gli Ebrei (Edizioni Dehoniane, Bologne). L’ouvrage,
qui défend la mémoire de Pie XII, vaut aussi par la personnalité de son
auteur : historien d’origine polonaise, Joseph Lichten, de confession
israélite, était membre de l’Anti Defamation League of B’nai B’rith
depuis 1945. On sait quel rôle important joua cette association
dans le “dialogue judéo-chrétien”, au moment du concile Vatican II
pour l’élaboration de la déclaration Nostra Aetate, et ensuite.
Joseph Lichten fut un des artisans les plus actifs de ce dialogue.
-
en 2000, dans le volume collectif publié sous la direction de
François-Georges Dreyfus, Le Patriotisme des Français sous l’Occupation
(Éditions de Paris, 7 rue de la Comète, 75007 Paris, 357 pages), Emile
Poulat a publié une étude très pertinente consacrée à “ L’Eglise
” (p. 153-175) durant cette période.
Emile
Poulat, dans ces pages où, comme à son habitude, les questions posées
valent autant que les remarques faites, écrit :
“
On a tôt reproché au pape Pie XII et aux évêques français leur
silence, et la controverse n’est pas close : preuve qu’elle excède le
simple établissement des faits. (...) Ce silence tant reproché, quelle
grande voix l’a alors rompu ? Quel homme d’Etat s’est fait entendre
et quelles frontières se sont ouvertes pour accueillir les persécutés
menacés dans leur vie ? Pourquoi cette inégalité de traitement, une
mise en accusation obstinée de l’Eglise catholique, un voile pudique
sur tant d’intérêts publics et privés engagés dans cette tragédie ?
“L’Eglise
savait”, lit-on un peu partout. Mais que savait-elle exactement, avec la
précision que requiert une intervention soit publique, soit diplomatique
? (...)
On
ne rouvrira pas ici le dossier de Pie XII : c’est un fait que les
Italiens n’ont pas de lui - ni des papes en général - la même image
que les Français. Il suffira de rappeler que le grand rabbin de Rome,
Italo Zolli, s’est converti au catholicisme après la guerre et qu’il
a choisi comme nom de baptême Eugenio, le prénom du pape Pacelli. ”
A
travers la presse
.
Dans Présent du 7 mars (5 rue d’Amboise, 75002 Paris), Jean
Madiran s’interroge sur le surprenant “ Décalogue d’Assise pour la
paix ”, rendu public tardivement. Jean Madiran fait remarquer que ce
texte contredit, par son caractère a-religieux, divers discours
prononcés en ces mêmes semaines par Jean-Paul II.
Jean
Madiran écrit notamment : “ Il est difficile de ne pas redouter, non
pour la première fois, d’apercevoir quelques contradictions anarchiques
entre les différentes publications vaticanes. (...) si c’est le Vatican
qui professe deux Décalogues, ça ne va plus, les gens ne savent
plus à quel saint se vouer, ils continuent à silencieusement quitter une
Église dont on n’arrive plus à savoir ce qu’elle dit vraiment. Et
ceux qui restent demanderont - sans doute en vain, comme d’habitude
depuis trente-cinq ans - demanderont, dis-je, si le nouveau Décalogue
remplace l’ancien, ou le complète, ou le corrige, ou en est un aggiornamento.
”
.
Des rumeurs circulaient qui charriaient, comme souvent, des
extrapolations, des invraisemblances et des déformations. Alethèia s’est
refusé à les colporter. Les faits sont plus simples, quoique non sans
importance. C’est M. l’abbé Aulagnier lui-même qui a démissionné
de sa charge de deuxième Assistant général de la Fraternité Saint-Pie
X. D.I.C.I., qu’il avait fondé, a été repris en main par la
Maison Générale de la FSSPX. M. l’abbé Arnaud Sélégny en est
désormais le directeur de la publication et M. l’abbé Bernard Lorber
le responsable de la rédaction. L’adresse pour s’abonner est
maintenant celle-ci : Service de Presse DICI, Schloss Schwandegg, CH -
6113 Menzingen.
Le
premier numéro de ce D.I.C.I. nouvelle formule (n°45) contient un
long éditorial de Mgr Fellay, Supérieur Général de la FSSPX. Mgr
Fellay explique sur un ton très direct, pourquoi, selon lui, les accords
de Campos, “ ce n’est pas le retour de l’Eglise conciliaire à la
Tradition ”. “ C’est, écrit-il, l’entrée dans le
pluralisme sous apparence de reconnaissance de la part de Rome, qui est
imposé ”.
.
Sodalitium (Loc. Carbignano, 36 - 10020 Verrua Savoia - Italie)
est la principale
revue
“ guérardienne ”. Dans son dernier numéro, n° 52, après avoir
cité à plusieurs reprises avec bienveillance Alethèia, la
revue croit utile de mettre en garde contre son unique rédacteur en ces
termes : “ nous ne sommes pas d’accord avec les positions de Chiron,
qui - entre autres - est l’un des plus intelligents et dangereux
partisans de la nécessité d’un accord entre la Fraternité Saint-Pie X
et Jean-Paul II, mais aussi défenseur de l’aile guénonienne de la
même Fraternité. ”
Que
d’épithètes inutiles ou erronées en si peu de lignes et combien d’erreurs
de perspective.
Il
y a trois manières d’être membre de la FSSPX : en étant prêtre de la
dite-Fraternité sacerdotale, frère de la dite-Fraternité ou encore
membre de son tiers-ordre. Je ne suis rien de tout cela. Et, à vrai dire,
je ne compte pour rien. Je n’ai pas voix au chapitre dans cette
Fraternité et je ne vois pas pourquoi et comment j’y aurais droit. Je
ne le revendique ni ne le souhaite. Je suis un fidèle du dernier rang,
dans les chapelles de la Fraternité ou ailleurs. Je n’ai pas à “
militer ” pour ceci ou cela.
Quant
à défendre une “ aile guénonienne de la même Fraternité ”, il y a
double méprise. A ma connaissance, il n’y aucune “ aile guénonienne
” dans la FSSPX - si cela était, ce serait très inquiétant. Et aussi,
si vraiment elle existait, je ne chercherai certainement pas à la
défendre, René Guénon n’ayant jamais été pour moi un maître ou un
modèle. Il y a dans l’oeuvre de Guénon, malgré quelques vues justes
sur la crise de la civilisation moderne, trop d’impasses, d’illusions
et de dérives qui rendent le plus grand nombre de ses pages inacceptables
pour un catholique. Je donnerai volontiers tous les livres de René
Guénon pour une seule page lumineuse de Jean Madiran. |