Un
miracle eucharistique à Santa Lucia di Piave ?
Santa
Lucia di Piave est un petit village italien, dans le diocèse de Vittorio
Veneto. Le 23 septembre 2000 - mais le nouvelle n’a été connue que
récemment par un article d’Il Giornale - est survenu ce que le
curé de la paroisse et beaucoup de fidèles considèrent déjà comme un
miracle eucharistique.
La
messe “ anticipée ” du samedi soir 23 septembre avait vu une
affluence inaccoutumée parce que cette semaine-là l’église
accueillait les reliques du bienheureux Claudio Granzotto (1900-1947), un
franciscain natif du village, béatifié en 1994. Environ 800 personnes
assistaient à la messe. Au moment de la communion, le curé de la
paroisse s’aperçut que les deux ciboires du tabernacle ne contenaient,
au total, qu’une centaine d’hosties consacrées. Le nombre des
fidèles qui s’approchaient de la table de communion fut évalué à au
moins 240 personnes. Le curé, don Oreste Nespolo, commença à distribuer
la communion en compagnie d’un autre prêtre, le père Luca Caracoi.
Puis, quand il eut épuisé son ciboire, il souffla à son confrère de
rompre les hosties consacrées car il allait en manquer. Le père Caracoi
distribua sans interruption la communion pendant une quinzaine de minutes
puis don Nespolo crut nécessaire d’aller dans la sacristie pour
consacrer, rapidement, de nouvelles hosties. Quand il revint, le père
Caracoi distribuait toujours la communion. Don Nespolo déclarera : “ Je
me suis assis près de l’autel, en adoration, parce que j’ai compris
que j’assistais à un miracle. ” Des fidèles témoigneront plus tard
qu’en s’approchant de la table de communion, ils apercevaient six ou
sept hosties seulement dans le ciboire et pourtant tous, des dizaines de
personnes, purent communier.
Un
rapport a été rédigé et remis à l’évêque de Vittorio Veneto et 14
fidèles ont fait une déposition, sous serment, devant notaire. La
Congrégation des Causes des Saints a été saisie du dossier, parce que
le miracle, s’il était avéré, pourrait permettre la canonisation du
bienheureux Claudio Granzotto. Pour le moment, la Congrégation des Causes
des Saints s’est enquis d’éléments de preuve : photographies,
enregistrement vidéo de la cérémonie.
Cette
messe “ anticipée ” du samedi était célébrée selon le rite de
Paul VI. Si le fait était reconnu comme authentique, ce serait le premier
survenu dans une cérémonie liturgique selon le nouveau rite à être
déclaré miraculeux.
Un
communiqué du Supérieur général de
la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Une
nouvelle selon laquelle “ Soeur Lucie de Fatima ” aurait eu une
apparition de la très Sainte Vierge demandant que les Carmels prient
spécialement (le Rosaire) les 6 et 7 octobre afin d’empêcher le bain
de sang qui se prépare ” s’est répandue dans nos milieux ces
derniers jours.
Cette
rumeur est fausse et a été démentie par le Carmel de Coïmbra.
Elle
se fonde probablement sur :
•
une initiative de l’Association Notre-Dame du Rosaire à Fatima. Cette
dernière a demandé à diverses conférences épiscopales de faire du 7
octobre, fête de Notre-Dame du Rosaire, un jour de prière particulier
pour demander la paix dans le monde. Le communiqué de l’Association
indiquait que Soeur Lucie et le Carmel s’unissaient à cette initiative.
•
le fait que le Carmel de Coïmbra ait prié vingt-quatre heures de suite
le 7 octobre, et que la Mère Prieure considère que l’heure est grave.
•
une communication interne à certains Carmels mal interprétée.
Tout
cela, ajouté à la tension que connaît le monde actuel, a produit la
fausse nouvelle énoncée ci-dessus.
Il
reste que les temps actuels peuvent très bien être perçus dans la
lumière du message de Fatima et l’invitation à recourir à la
protection de Notre-Dame et implorer la clémence de Dieu par la prière
du chapelet, spécialement en ce mois du Rosaire, est plus qu’appropriée.
+
Bernard Fellay
Supérieur
Général
Le
trombinoscope des évêques 2001
Les
éditions Golias publie, pour la troisième fois en onze ans, un Trombinoscope
des évêques1 . Il s’agit d’un annuaire des évêques de
France qui, pour chacun, donne une courte notice biographique et un long
commentaire sur son activité pastorale.
L’initiative
pourrait présenter quelque intérêt et une utilité certaine si elle
était menée avec objectivité et dans le respect des personnes
concernées. Mais il n’en est rien. Comme les éditions précédentes,
cette édition 2001 publie des commentaires qui, presque tous, sont
grinçants et souvent caricaturaux ou simplificateurs. Il y a même, au
moins dans un cas, des allusions qui frôlent la diffamation.
Comme
les éditions précédentes, cette édition 2001 se permet, dans un
irrespect total pour les personnes mais aussi pour la fonction
épiscopale, de noter les évêques : une, deux, trois quatre ou
cinq mitres selon que le pasteur du diocèse, ses déclarations et son
activité pastorale ont l’heur de plaire aux rédacteurs de Golias,
et un bonnet d’âne pour ceux qui sont à l’opposé des convictions
progressistes et laïcistes de Christian Terras et des autres rédacteurs
du Trombinoscope.
Les
évêques sont classés en douze catégories : des “ novateurs affirmés
” qui, bien sûr, méritent cinq mitres, aux “ réacs ”, qui n’ont
droit généralement qu’à une mitre, et aux “ dangereux
”, qui sont tous affublés d’un bonnet d’âne.
Les
rédacteurs du magazine de Villeurbanne ne peuvent enquêter
personnellement dans tous les diocèses de France. C’est au détour des
pages d’introduction qu’on apprend que pour ce Trombinoscope
ils mobilisent des informateurs (ce que la police appelle, dans son
métier, des indicateurs) : “ ils s’adressent à Golias formant
ainsi un dense réseau de questionnements et d’informations, et toujours
dans un souci d’une Eglise plus vraie. Eh oui, c’est ainsi, quoi qu’en
disent nos censeurs. ” (p. 6).
Les
informateurs de Golias , à l’évidence, pêchent leurs
informations toujours dans les mêmes milieux. Et c’est ainsi que
certains événements, certaines initiatives leur échappent, même de
celles qu’ils se seraient fait un plaisir de reprocher à tel “ bonnet
d’âne ”.
Les
limites d’une telle méthode d’informations se repèrent à divers
détails. Par exemple, le Trombinoscope reproche à un évêque
(bien sûr noté par un bonnet d’âne) d’avoir donné “ une
conférence au monastère de Don Calvet ” (p. 393). Est-ce vraiment une
erreur typographique qui laisse l’impression qu’à Golias on
ignore la différence entre le “ don ” attribué à tous les
ecclésiastiques en Italie et le “ Dom ” (du latin dominus),
titulature en usage chez les moines bénédictins ? Ailleurs, page 317, on
présente l’abbé Aulagnier comme un “ prêtre de la Fraternité
Saint-Pie X qui fait peur à tout le monde, même à ses frères
intégristes qui l’ont prudemment mis sur la touche ”. A la vérité,
l’abbé Aulagnier a connu une belle façon d’être “ mis sur la
touche ” puisqu’il a été nommé Deuxième assistant général de la
Fraternité Saint-Pie X, chargé aussi de la communication et de l’information
et, à ce titre, fondateur d’une agence de presse électronique et d’un
hebdomadaire (D.I.C.I.).
Le
Trombinoscope des éditions Golias fait-il vraiment aimer l’Eglise
à ses lecteurs ? Son but avoué est de participer à un “ vaste débat
qui s’instaure aujourd’hui ” (sur la collégialité épiscopale, le
rôle des laïcs, etc). Ce n’est pas la même chose.
A
propos
de “ La gnose en question ” (n° 18)
•
Un prêtre, qui suit attentivement, depuis plusieurs années, les
variations du combat antignostique, me fait remarquer que les Amis de
saint François de Sales, qui publient un Bulletin, et parfois des
brochures, ne sont pas une création de la FSSPX, ni ne sont dirigés par
elle. C’est une initiative privée. Même si, pour la brochure en
question - Les Hérésies de la Gnose du professeur Jean Borella -,
l’auteur est un prêtre de la FSSPX et le préfacier un des évêques de
la FSSPX, on ne peut dire que cette brochure reflète la position
officielle de la FSSPX sur le sujet. Le même correspondant me fait
remarquer aussi, pour corroborer cette précision, que la brochure en
question n’a jamais été diffusée par le service de librairie par
correspondance de la FSSPX (France-Livres/Clovis).
•
Emile Poulat m’écrit : “ “Contre-Eglise” me semble une expression
apparue en même temps que “contre-société” pour désigner l’intransigeantisme
catholique et sa réciproque. L’histoire littéraire de ces
expressions reste à faire, comme souvent pour d’autres expressions, par
exemple “Fille aînée de l’Eglise”. ”
•
Quelques jours après le n° 18 d’Alètheia est paru un numéro
spécial de la revue Lecture et tradition (n° 293/294, 72 pages,
35 F., B.P. 1, 86190 Chiré-en-Montreuil) intitulé “ La gnose et le
mystère d’iniquité. Réponse à un défi ”. Cette revue et les
éditions de Chiré, toutes deux dirigées par Jean Auguy, ont été les
principaux artisans du combat antignostique de ces dernières années.
Tous les ouvrages d’Etienne Couvert ont été publiés par ces
éditions, certains à compte d’auteur. Sans l’audience des éditions
de Chiré et de la librairie par correspondance D.P.F. qui lui est liée,
audience qui dépasse assez largement les milieux catholiques
traditionnels, ses théories n’auraient connu qu’une diffusion très
restreinte. Les Cahiers Barruel , fondés par Etienne Couvert, Jean
Vaquié et Paul Raynal en 1978, ont cessé de paraître après vingt-sept
numéros, en avril 1994.
Paul
Sernine, dans le numéro 4 de Certitudes, déjà cité ici,
écrivait : “ nous mettons publiquement au défi les Cahiers Barruel
d’apporter le témoignage d’auteurs sérieux et approuvés en faveur
de leur description de la “gnose” ”. Lecture et tradition
entend relever ce “ défi ” en publiant les textes de quinze auteurs
ecclésiastiques, du XVIIe siècle à nos jours, qui ont traité de la
gnose.
Sans
faire un examen détaillé des textes produits, on remarquera d’une part
qu’il ne s’y trouve pas un seul texte du Magistère sur le
sujet. D’autre part, la plupart des auteurs cités évoquent le
gnosticisme des premiers siècles et, certains, ses continuations jusqu’au
manichéisme cathare. En revanche, on aura bien du mal à tirer des textes
cités une démonstration convaincante d’une “ Gnose ” unique,
universelle, dont les formes diverses auraient une filiation historique
certaine.
•
Tandis qu’Etienne Couvert va faire paraître, dans les prochains mois,
un cinquième livre, toujours consacré à “ la Gnose éternelle ” ,
et à ceux qui contestent la réalité historique d’un tel courant
ininterrompu et universel, Paul Sernine prépare, à paraître aux
éditions Servir au début de l’année prochaine, un ouvrage qui
développera sa critique du combat anti-gnostique actuel.
•
Pour éclairer un peu la question, embrouillée souvent par une
connaissance superficielle du sujet, on renverra à l’article gnose du Dictionnaire
théologique du père Louis Bouyer (Desclée, 1963, p. 157-158) :
La
notion d’une connaissance religieuse, salutaire, et plus précisément d’une
connaissance de Dieu (en hébreu dahat, en grec gnôsis)
occupe dans l’Ancien Testament, le judaïsme, le Nouveau Testament, et
toute la tradition théologique et spirituelle chrétienne, une place
considérable. Elle y prend une signification très riche mais bien
définie, qu’il est extrêmement important de dégager exactement.
Nombre de manuels, même catholiques, restent encombrés par la notion que
la gnôsis serait, dans le christianisme, un produit des hérésies
dites “gnostiques”. Chez celles-ci, la gnose proviendrait d’une
élaboration d’une notion traditionnelle dans la pensée religieuse
grecque (païenne). Tout ceci est démenti par les textes et par les
faits. (...) Lorsque les théologiens chrétiens d’Alexandrie,
comme Clément ou Origène, proposeront une “gnose” chrétienne, quoi
qu’il en soit de leurs rapports avec les “gnostiques” en question,
ce n’est nullement à ceux-ci qu’ils en emprunteront la notion et le
terme. Ils ne feront en cela que se conformer à l’usage et poursuivre
la tradition dans l’Eglise de ceux-là mêmes qui s’étaient le plus
énergiquement opposés à ces hérétiques, comme saint Irénée en
particulier. |