I.
Communiqué de l’évêque de Troyes sur l’abbé de Nantes
(document).
II.
Mgr Fellay et Fideliter.
Un
COMMUNIQUE de l’EVEQUE de TROYES
La
presse s’est fait l’écho, ces derniers jours, d’informations
relatives à l’abbé de Nantes. Elle l’a fait de façon déformée ou
tendancieuse. N’a-t-on pas entendu une grande radio périphérique
appeler son correspondant à Nantes pour lui demander d’évoquer “ le
cas de l’abbé Georges ” (sic).
A
titre d’information, je reproduis donc intégralement le communiqué de
l’évêque de Troyes qui a suscité cette vague nouvelle de
désinformation :
L’évêque
de Troyes communique
Suite
à un certain nombre de questions posées récemment, concernant Monsieur
l’abbé Georges de Nantes, pour couper court à toute autre rumeur, l’évêque
de Troyes communique ce qui suit :
I.
Par décret du 1er juillet 1997, l’évêque de Troyes, en vertu du canon
1720, décidait :
1.
La suspense a divinis infligée à Monsieur l’abbé Georges de
Nantes le 25 août 1966 demeure en vigueur.
2.
L’accès au sacrement d’eucharistie et de pénitence lui est interdit
dans le diocèse de Troyes*.
3.
Cette suspense et cet interdit ne seront levés que lorsqu’il aura
signé une rétractation en bonne et due forme des affirmations et
attitudes qui ont conduit à les établir, se mettant en accord avec le
précepte qui lui a été donné le 9 mai 1997.
4.
Cette suspense et cet interdit ont effet sur l’ensemble du diocèse de
Troyes, y compris les divers locaux de la “Maison S. Joseph”, à S.
Parres-les-Vaudes.
II.
Contre ce décret et le décret antérieur du 9 mai 1997, imposant un
précepte pénal à l’abbé de Nantes, celui-ci a institué un recours
hiérarchique devant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Celle-ci, le 24 mars 1998, a répondu “ne pas accueillir l’appel”.
III.
L’abbé de Nantes, par une lettre du 24 mai 1998 et un libelle du 27 mai
1998, a déposé un recours contre ces deux mêmes décrets au Tribunal de
la Signature Apostolique.
Celui-ci,
le 7 octobre 2000, a lui aussi répondu que le recours de l’abbé
Georges de Nantes manque de fondement et doit être rejeté dès le
début.
Dès
lors les sanctions établies par le décret de l’évêque de Troyes en
date du 1er juillet continuent à être vigueur.
Fait
à Troyes le 21 avril 2001.
+ Marc STENGER
Évêque de Troyes
Il
est rappelé que :
-
la “suspense a divinis” consiste principalement à interdire de
donner les sacrements (sauf s’il y a danger de mort).
-
l’ “interdit” consiste principalement à interdire de
les recevoir.
*
En vertu du canon 1332 et du décret porté par la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi le 24 mars 1998, l’interdit n’est plus territorial
mais personnel. Il a donc valeur pour l’Eglise Universelle.
Je
ne commenterai pas ce communiqué officiel. Je renvoie, pour de plus
amples informations, au bulletin du diocèse de Troyes, L’Eglise dans
l’Aube (3 rue du Cloître Saint-Etienne, 10042 Troyes), n° 3,
mars 1997. Et à Résurrection. La Contre-Réforme Catholique au XXIe
siècle (10260 Saint-Parres-lès-Vaudes) pour le commentaire que fera
sans doute l’abbé de Nantes à ce communiqué.
Mgr
FELLAY et FIDELITER
Le
22 juin m’est parvenue une lettre du directeur de la revue Fideliter
qui accompagnait et commentait une lettre de Mgr Fellay, Supérieur
général de la Fraternité Saint-Pie X. Celui-ci y demandait que soit mis
fin à ma collaboration à la revue. Comme les lecteurs de Fideliter
vont voir disparaître mon nom des pages sans, peut-être, en connaître
le motif, je crois utile, sans esprit de polémique, de publier ici la
lettre de Mgr Fellay qui est à l’origine de cette exclusion :
Menzingen,
le 16 juin 2001
Cher
Monsieur l’abbé,
Par
cette lettre, j’aimerais confirmer ce dont nous avons déjà parlé lors
de notre réunion de la semaine passée. Il s’agit de M. Chiron et de sa
collaboration à Fideliter.
Depuis
quelques mois, M. Chiron a pris publiquement des positions nettement
marquées en opposition à la ligne qu’entend donner la Fraternité à
ses fidèles. Même s’il ne l’a pas fait dans Fideliter mais
dans sa lettre personnelle, dans notre petit monde traditionnel tout se
sait ; en particulier l’annonce publique faite par La Nef de la
collaboration régulière de M. Chiron chez eux m’oblige à intervenir
et à demander que la collaboration de M. Chiron à Fideliter,
pourtant si longue et qui nous oblige à un sentiment de gratitude, soit
terminée. La Nef entretient à notre égard une attitude par trop
hostile pour que nous puissions tolérer cette double collaboration.
Veuillez
croire, cher Monsieur l’abbé, en mes prières in Christo Jesu et Maria
+
Bernard Fellay
Je
ne ferai pas une exégèse, ligne à ligne, de cette lettre de Mgr Fellay
au directeur de Fideliter. Je me permettrai, respectueusement,
quelques remarques :
•
J’ai collaboré à chaque numéro de Fideliter pendant treize
ans, parfois par deux, trois ou quatre articles, sous ma signature et en
utilisant divers pseudonymes. Il s’agissait de recensions de livres ou d’article
à caractère historique. Je ne regrette pas cette collaboration et j’exprime
un sentiment de gratitude envers ses deux directeurs successifs, M. l’abbé
Aulagnier puis M. l’abbé Celier, qui m’ont laissé m’exprimer en
toute liberté. Ni quand j’ai commencé à collaborer à cette revue, à
l’initiative de M. l’abbé Aulagnier, ni plus tard, on ne m’a
demandé si j’étais dans la “ ligne ” de la FSSPX. A l’époque,
1988 (“ l’année climatérique ”), j’étais collaborateur
régulier de la Pensée Catholique, depuis plusieurs années, et de
Présent, depuis plusieurs années aussi. On ne peut pas dire,
particulièrement en cette année-là, que ces deux publications étaient
dans la “ ligne ” de la FSSPX. On ne m’en a fait aucune remarque, ni
demandé ne cesser ma collaboration ailleurs (ce que je n’aurais pas
accepté). Il me semblait que c’était là un signe suffisant de la
liberté d’esprit au sein de la FSSPX.
•
La décision de Mgr Fellay est motivée aujourd’hui par “ des
positions nettement marquées en opposition à la ligne qu’entend donner
la Fraternité à ses fidèles ” que j’aurais prises ces derniers
mois. Mgr Fellay entend par là, je suppose, les trois pauvres et petits
numéros d’Alètheia que j’ai consacrés au livre collectif de
la FSSPX : Le problème de la réforme liturgique (éditions
Clovis, B.P. 88, 91152 Etampes cedex, 125 pages, 69 F). Ma présentation,
complète et honnête, je crois, de l’ouvrage avait été accompagnée
de modestes “ remarques d’un fidèles du dernier rang ”. Ces
remarques avaient fortement déplu à Mgr Fellay.
Je
ne vois pas d’autres occasions où, “ depuis quelques mois ”, j’aurais
“ pris publiquement des positions nettement marquées en opposition à
la ligne qu’entend donner la Fraternité à ses fidèles ”. Mgr Fellay
ne visait sans doute pas les articles que j’ai consacrés au livre de M.
l’abbé Aulagnier, La tradition sans peur (éditions Servir, 15
rue d’Estrées, 75007 Paris, 350 pages, 125 F). Très bon livre de
témoignage et aussi de prospective que j’ai présenté successivement,
à partir de janvier, dans un numéro complet d’Alètheia, dans
un article de Présent et dans un article d’Ecrits de Paris.
M. l’abbé Aulagnier n’avait pas considéré comme des “ positions
nettement marquées en opposition à la ligne ” les quelques “ scories
” que j’avais cru utile de relever.
•
L’autre reproche qui m’est adressé est d’apporter une “
collaboration régulière ” à la Nef. A la vérité, j’y
ai collaboré épisodiquement depuis des années ; la FSSPX n’y trouvait
alors rien à redire. C’est une collaboration régulière, depuis avril,
qui est jugée insupportable. Une collaboration qui, c’est à noter, n’a
pas été, jusqu’ici, un commentaire de l’actualité religieuse mais n’a
comporté que des recensions et des articles d’ordre historique ou
culturel.
Il
se trouve que la Nef (B.P. 73, 78490 Montfort l’Amaury)
publie ce mois-ci un important dossier sur Le Problème de la réforme
liturgique (n° 117, juin 2001, 40 F). C’est ce dossier qui,
semble-il, a suscité l’ire de Mgr Fellay. Il comprend notamment
un long article du Père Emmanuel, osb, intitulé “ Une analyse peu
convaincante ”. Le Père Emmanuel, du Monastère Sainte-Madeleine du
Barroux, relève quatre “ erreurs de méthode ” dans l’ouvrage,
avant de mettre en lumière
les “ bonnes choses ”
qu’il comprend néanmoins.
Mgr
Fellay, dans une vision étroite du combat pour la Tradition catholique,
voit, sans doute, dans ce dossier un nouvel acte de guerre contre la FSSPX.
Je préfère, de loin, la réaction de M. l’abbé Aulagnier. Dans le
dernier numéro de son très intéressant D.I.C.I. (1 rue des
Prébendes, 14210 Gavrus, n° 12, 10 F), après avoir signalé à ses
lecteurs la parution du dossier de la Nef, il commente : “
Un débat va s’instaurer et c’est heureux ”.
•
Mgr Fellay évoque “ la ligne qu’entend donner la Fraternité à
ses fidèles ”. L’expression est, en plusieurs points, curieuse et
contestable. Je pensais que les fidèles qui assistent à la messe dans un
prieuré de la FSSPX, et tout aussi bien les parents qui envoient leurs
enfants dans les écoles de la FSSPX, n’étaient point des “ fidèles
de la Fraternité ”, mais des fidèles de Notre-Seigneur Jésus-Christ
et des fils de l’Eglise Catholique. Et qu’ils n’entendaient point
recevoir de la Fraternité une “
ligne ” de conduite (?), de pensée (?) à tenir. Mgr Fellay connaît-il
suffisamment bien les prieurés de la FSSPX, du moins en France, pour ne
pas savoir que les fidèles qui assistent aux messes dites par des
prêtres de la FSSPX ne sont pas forcément tous d’accord avec toutes
les décisions et positions prises dans le passé ou récemment par les
dirigeants de la dite-Fraternité (sur les sacres de 1988, par exemple) ?
Et qu’un nombre, difficile à déterminer, de fidèles assistent, selon
l’occasion, à la messe traditionnelle dans un prieuré de la FSSPX
mais, tout aussi bien, aux messes traditionnelles célébrés dans les
chapelles de la Fraternité Saint-Pierre, de l’Institut du Christ-Roi,
ou dans les abbayes du Barroux, de Randol, de Fontgombault, etc.
L’axiome “ Hors de la Fraternité Saint-Pie X point de salut ” ne
saurait être une “ ligne ” de pensée et de conduite. Je préfère
décrire la situation actuelle, mais qui dure depuis trop longtemps
maintenant, en reprenant le titre d’un livre de Jean Madiran : “ Quand
il y a une éclipse, tout le monde est à l’ombre ”. En estimant aussi
que l’éclipse est, me semble-t-il, de moins en moins complète.
Et,
à la vérité, les fidèles du dernier rang ont de quoi être
déconcertés. L’abbé Aulagnier, qui est, rappelons-le, deuxième
assistant du supérieur général de la FSSPX, souhaitait, il y a quelques
mois, dans son livre cité plus haut, qu’un front commun des
traditionalistes se reconstitue : “ Il faut faire abstraction des
blessures du passé et reprendre le combat commun, fondé sur des
fidélités claires, des convictions solides ”. Il en citait deux, “
qui sont incontournables : une condamnation claire du libéralisme
catholique et un attachement indéfectible à la messe traditionnelle ”
(p. 212). L’abbé Aulagnier affirmait encore : “ les sacres ne sont
pas la ligne de partage des eaux. Il faut arrêter de juger les gens en
fonction de leur attitude à ce moment-là ” (p. 244).
Aujourd’hui,
en reprochant à un collaborateur ancien de Fideliter de ne pas
avoir applaudi des deux mains un livre collectif sur la nouvelle messe
(qui ne fait pas l’unanimité parmi les prêtres de la FSSPX, d’ailleurs)
et de collaborer à une revue qui est, tout de même, une des voix
principales des catholiques de tradition hors de la Fraternité Saint-Pie
X, Mgr Fellay semble démentir l’enthousiasme généreux de son
deuxième assistant. |