REVUE
DE PRESSE
•
Sedes Sapientiae, n° 75, printemps 2001, 86 pages, 50 F (Société
Saint-Thomas d’Aquin, 53340 Chémeré-le-Roi).
La
revue des Dominicains de Chémeré publie la traduction d’une longue et
importante intervention du cardinal Biffi consacrée à l’immigration.
Face aux vagues d’immigrants qui arrivent, généralement de façon
irrégulière, en Italie, l’archevêque de Bologne expose “ la
complexité du problème ”. L’Eglise, explique le cardinal Biffi, a
déjà réagi en publiant deux longs documents, l’un émanant de la
Commission Justice et paix, l’autre de la Commission ecclésiale
pour les migrations. Ces deux documents étaient “ de nature à
construire et à diffuser dans la chrétienté une “culture de l’accueil”.”
Le cardinal ajoute : “ Il manque cependant un peu de réalisme dans l’examen
des difficultés et des problèmes. Surtout l’importance de la mission
évangélisatrice de l’Eglise à l’égard de tous les hommes, et donc
aussi à l’égard de ceux qui viennent demeurer chez nous, ne semble pas
avoir été mise suffisamment en relief. ”
L’intervention
du cardinal Biffi est axée donc autour de trois nécessités : une
politique d’accueil réaliste, la sauvegarde de l’identité nationale
et la nécessité de l’évangélisation des personnes accueillies.
On
trouvera dans Sedes Sapientiae trois autres études
intéressantes : “ L’éducation des hommes dans l’histoire du salut
” par L.-J. Elders, “ Les débuts de dom Guéranger dans la
prédication ” par Dom Matthieu Wallut et la première partie d’un
article sur la tradition politique gallicane par Nicolas Warembourg.
•
Le Sel de la terre, n° 36, printemps 2001, 256 pages, 90 F
(Couvent de la Haye-aux-Bonhommes, 49240 Avrillé).
Une
partie du numéro est consacrée à Mgr Lefebvre, à l’occasion du
dixième anniversaire de sa mort. Un long article, non signé, montre en
Mgr Lefebvre “ un confesseur de la foi ”. Sont évoquées, en neuf
dates, “ les grandes étapes qui ont marqué la croisade
entreprise par Mgr Lefebvre contre les erreurs actuelles ”. Puis, Mgr
Tissier de Mallerais évoque “ Mgr Lefebvre face à la réforme de la
messe ”. Ces pages sont extraites d’une biographie de Mgr Lefebvre que
Mgr Tissier prépare. Les pages publiées en avant-première
laissent présager un travail historique sérieux, abondamment documenté
et référencé.
Outre
trois textes de Mgr Lefebvre (un éloge de saint Thomas d’Aquin, un
extrait de son Itinéraire spirituel, déjà édité, et un sermon
sur l’état religieux), on trouve dans la revue des Dominicains d’Avrillé,
reproduits en fac-similé, les extraits de deux lettres adressées par Mgr
Lefebvre, en 1989 et 1990, à un des religieux du couvent. Un des deux extraits
reproduits, relatif à la naissance du Sel de la terre, semble n’avoir
pour but que de désigner les ennemis qui étaient et qui sont toujours
ceux de la revue dominicaine. Il y aurait bien d’autres choses à dire
sur les origines de la revue et son évolution.
Ce
numéro contient de nombreux autres articles, notamment la traduction d’une
étude critique de l’abbé Simoulin parue en italien il y a près d’un
an (et déjà recensée ici) et un “ Petit catéchisme du
sédévacantisme ”, signé Dominicus.
•
Nouvelle Ecole, n° 52, année 2001, 160 pages grand format, 130 F
(Labyrinthe, 18-24 quai de la Marne, 75164 Paris Cedex 19).
Une
grande partie de la revue dirigée par Alain de Benoist est consacrée au
christianisme. On y trouve quatre études, une de Pierre Le Vigan, deux d’Alain
de Benoist et une d’Alexandre Gryf. Cette dernière est consacrée,
significativement, aux “ persécutions contre les païens, de la
conversion de Constantin (312) à la mort de Justinien (565) ”.
Une
des études d’Alain de Benoist retient l’attention parce qu’elle est
consacrée à “ Jésus et ses frères ”. Elle était annoncée depuis
un certain temps (cf. Dernière année, L’Age d’Homme,
2001, p. 23 et 77, déjà recensé dans Alètheia).
Bien que dédiée “ A Guillaume de Tanoüarn ”, elle est décevante.
Elle peut impressionner de prime abord : 153 notes et références pour un
texte de près de trente pages, d’innombrables auteurs cités (de Renan
jusqu’aux plus récents travaux d’exégèse en français, en
anglais et en allemand). On s’étonne, néanmoins, de voir non seulement
mentionner mais utiliser les travaux et hypothèses émises par des
auteurs peu sérieux comme Gérald Messadié et Robert Ambelain.
Alain
de Benoist s’attache à montrer, après bien d’autres, que les “
frères ” et “ soeurs ” de Jésus mentionnés dans les Saintes
Écritures ne sont point des cousins du Christ ou des enfants que Joseph
aurait eus d’un premier mariage mais bel et bien des enfants selon la
chair de Marie et de Joseph. De là, forcément, s’écroulent le dogme
de la virginitas in partu (Ephèse, 431) et la croyance en la
virginitas post partum.
L’exégèse
récente, en nombre de ses voix, conclut, elle aussi, à l’existence de
frères et soeurs de sang du Christ. Dernier exemple en date, postérieur
à l’article d’Alain de Benoist, l’Enquête sur les racines
juives du mouvement chrétien (30-135) de François Blanchetière,
Editions du Cerf, 2001, 587 pages. L’auteur y consacre près de vingt
pages, p. 188 à 204, à l’existence historique de frères et
soeurs de Jésus.
Tout
ceci, pourtant, ne doit pas impressionner le catholique fidèle. Le grand
exégète américain Raymond E. Brown, décédé en 1997, avait résumé
très clairement la position catholique sur le sujet : “ comme ces
frères sont associés à Marie (Mc 3, 31-32 ; Jn 2, 12), si l’on ne
disposait que du NT on pourrait supposer qu’ils étaient les enfants de
Marie et Joseph, nés après Jésus - opinion tenue dans l’antiquité
par Tertullien et aujourd’hui par la plupart des protestants. Mais dès
le début du IIe siècle, on voyait en eux les enfants d’un précédent
mariage de Joseph (Protévangile de Jacques 9, 2). Cette
interprétation est conservée dans la plus grande partie du christianisme
d’Orient, et Bauckham (Jude Relatives 31) déclare qu’elle “mérite
plus de considération qu’on ne lui en accorde aujourd’hui”. L’idée
qu’il s’agit d’un cousin de Jésus sera introduite au IVe siècle
par Jérôme et elle est devenue courant dans l’Eglise occidentale. Dans
le catholicisme romain la thèse selon laquelle Marie resta vierge après
la naissance de Jésus est généralement considérée comme enseignée de
manière infaillible par le magistère ordinaire. ” (Que sait-on du
Nouveau Testament ?, Paris, Bayard, 2000, p. 780).
•
Roma felix, a. III, n° 4, avril
2001 (Fraternita S. Pio X, Via Trilussa 45, 00041 Albano, Italia).
La
lettre mensuelle d’informations de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie
X en Italie, dirigée par l’abbé Michel Simoulin, et rédigée en
italien, apporte sur les discussions en cours avec le Saint-Siège, un
éclairage qui n’a guère transparu dans les communiqués officiels. L’abbé
Simoulin, évoquant les propositions faites par le cardinal Castrillon
Hoyos en janvier dernier (au cours d’une rencontre avec Mgr Fellay, à
laquelle il a participé semble-t-il), écrit : “ tout semblait
tellement beau et inespéré que nous avions peine à le croire ”.
Depuis,
reconnaît l’abbé Simoulin, les enthousiasmes se sont rafraîchis,
parce que, écrit-il, la Fraternité a demandé “ que le Vatican fasse
quelque chose en faveur de la Messe tridentine ” et, pour l’heure, “
rien n’a été fait et peut-être faudra-t-il beaucoup de temps encore
pour que quelque chose soit fait ”.
•
Bulletin saint Jean Eudes, n° 64, avril 2001, 24 pages, 10 F
(Prieuré saint Jean Eudes, 1 rue des Prébendes, 14210 Gavrus).
Dans
le dernier numéro de son bulletin mensuel, l’abbé Aulagnier raconte
longuement, avec de nombreuses photographies à l’appui, le séjour de
huit jours qu’il a fait au Gabon en mars dernier. Un récit chaleureux,
personnel, pittoresque. Mgr Lefebvre fut treize ans missionnaire dans ce
pays. La Fraternité Saint-Pie X y est implantée depuis quinze ans. L’église
Saint-Pie comprend plus de 2.500 fidèles, note l’abbé Aulagnier qui
ajoute : “ L’évêché vient de le confesser tout récemment : “Saint
Pie X est la plus grosse paroisse de Libreville””. Depuis 1986, plus
de 4.600 baptêmes y ont été dispensés.
M.
l’abbé Aulagnier se demande à un moment (p. 14), avant une conférence
sur la messe, si les Gabonais connaissent la Fraternité Saint-Pierre et
Dom Gérard ? Oui, ils les connaissent, au moins indirectement, puisque l’Institut
du Christ-Roi a, lui aussi, deux missions au Gabon. L’une à Mayumba, l’autre
à Mouila, avec chacune un prêtre et une communauté de laïques
consacrées. Une association, en France, s’attache à les soutenir et à
les aider : Jeunes missionnaires en Afrique, 334 rue Pioch de Boutonnet,
34090 Montpellier.
Au
Gabon, aussi, la Tradition est polyphonique.
•
La Nef, n° 117, juin 2001, 40 pages, 40 F (B.P. 73, 78490 Montfort
l’Amaury).
Dans
ce numéro, qui paraîtra dans une quinzaine de jours, plusieurs articles
de théologiens et de liturgistes répondent à l’ouvrage de la FSSPX
sur la nouvelle messe. L’un d’eux met en lumière, notamment, l’ancienneté
de la notion de “ mystère pascal ” chez les Pères.
NOUVELLES
•
Selon des informations romaines, les discussions entre la FSSPX et le
Vatican sont suspendues mais point définitivement interrompues. L’exigence
posée en préalable par la FSSPX - que la messe traditionnelle soit
autorisée sans restriction - n’a pas été acceptée. Du moins, pas
encore. Le 22 avril dernier, au cours d’une réunion inter-dicastères
réunies autour du Pape, une forte majorité des cardinaux présents s’est
opposée à une reconnaissance de la liberté de la messe traditionnelle
pour tous les prêtres et fidèles du monde entier, sans condition
restrictive.
En
revanche, la possibilité d’accorder un statut juridique à la FSSPX est
plus largement acceptée. Elle avait été évoquée dès la rencontre de
janvier entre Mgr Fellay et le cardinal Castrillon Hoyos.
•
Les milieux sédévacantistes sont à l’origine de deux ouvrages, tous
deux collectifs, qui connaissent une certaine diffusion ces derniers mois.
Mystère
d’iniquité se présente comme une “ Enquête théologique,
historique et canonique ” sur la vacance du Siège apostolique (Carmel
Sancta Maria, 4790 Reuland 143, Belgique, 332 pages). Les auteurs s’efforcent
de démontrer que “ depuis la mort de Pie XII, il n’y a plus de pape
” (p. 249). Chaque chapitre de l’ouvrage se termine par un bref
résumé encadré. Pour donner le ton de l’ouvrage, il suffira de citer
le résumé du dernier chapitre : “ L’Eglise dite “conciliaire”,
ne possédant point les quatre notes caractéristiques de la véritable
Eglise, est une secte, une “contrefaçon d’Eglise”. Roncalli,
Montini, Luciani et Wojtyla président une secte hérétique ; ils ne sont
pas papes de l’Eglise catholique. ” L’ouvrage est préfacé par Mgr
Daniel L. Dolan, un prêtre américain qui a été sacré
irrégulièrement évêque par Mgr Guérard des Lauriers, un dominicain
qui, lui-même, avait été sacré irrégulièrement évêque par Mgr Ngo
Dinh Thuc.
L’Eglise
éclipsée ? est publié par les Amis du Christ Roi (éditions
Delacroix, B.P. 18, 35430 Chateauneuf, 298 pages). L’ouvrage en est à
sa troisième édition. Il se veut une démonstration, essentiellement
historique, du “ complot maçonnique contre l’Eglise ”.
L’ouvrage
s’ouvre sur des entretiens avec Malachi Martin qui eurent lieu, à
New-York, en 1996. Malachi Martin est le pseudonyme d’un jésuite,
aujourd’hui décédé, qui s’est fait connaître par des ouvrages,
habiles, mi-romanesques mi-historiques, sur la papauté et le Vatican et
dans lesquels il prétendait révéler des secrets, plus ou moins
compromettants. Dans les entretiens retranscrits dans le volume (p.
17-27), Malachi Martin est affirmatif : Jean XXIII était franc-maçon
; à deux reprises, au cours des conclaves de 1963 et 1978, le
cardinal Siri a été élu pape mais a dû renoncer immédiatement à la
charge suite à des menaces.
Les
auteurs veulent établir que “ les ennemis de l’Eglise ont choisi
Karol Wojtyla parce qu’il était “le pape dont ils avaient besoin”
” (p. 138), “ Karol Wojtyla a été pressenti depuis de nombreuses
années pour devenir le Pontife de la Gnosis et de la science
ésotérique” dont parlait Roca ” (p. 139). Tout le projet de
Jean-Paul II serait d’établir une “ religion mondiale, maçonnique :
le noachisme ”.
Le
livre se veut aussi une arme de combat contre la FSSPX qui reconnaît la
légitimité de Jean-Paul II et a exclu de ses rangs, à partir de 1979,
les prêtres sédévacantistes et ceux qui refusaient, à la messe, de
prier una cum.
Ces
deux ouvrages témoignent de l’influence accrue des théories
conspirationnistes dans certains milieux traditionalistes et des dérives
qu’entraînent certaines positions ecclésiologiques.
Pour
rétablir la vérité sur les conclaves de 1963 et 1978, on pourra se
reporter plutôt à ce qu’en ont écrit deux des biographes du cardinal
Siri, bien documentés et qui ont chacun bénéficié d’entretiens avec
lui, avant sa mort : Raimondo Spiazzi, Il cardinale Giuseppe Siri,
Bologne, Edizioni Studio Domenicano, 1990, p. 95-101 et Benny Lai, Il
Papa non eletto. Giuseppe Siri, cardinale di Santa Romana Chiesa,
Bari, Laterza, 1993, p. 199-206 et p. 262-281.
•
L’abbé Aulagnier, responsable de la communication et de l’information
dans la FSSPX, a lancé une nouvelle publication : les Documentations
Informations Catholiques Internationales (D.I.C.I.). L’abonnement à
cette publication, hebdomadaire, est de 390 francs (Les Amis du Prieuré
Saint Jean Eudes, 1 rue des Prébendes, 14210 Gavrus). |