I.
Une notification de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
(document).
II.
Renforcement de la Commission Ecclesia Dei.
III.
Revue des revues.
UNE
NOTIFICATION DE LA CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI
La
récente Déclaration Dominus Jesus “ sur l’unicité
et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise
” publiée par la Congrégation pour la doctrine de la Foi en 2000 [AAS,
92 (2000), 742-765] réfutait des erreurs répandues dans certains milieux
et dans certains écrits. Etait visé, notamment, sans être nommé
explicitement, l’ouvrage publié par le père Jacques Dupuis, s.j.,
ancien professeur à l’Université grégorienne : Vers une théologie
chrétienne du pluralisme religieux (Paris, Cerf, 1997).
Aujourd’hui,
de manière plus explicite, la même Congrégation publie une Notification
concernant directement ce livre. Estimant que l’ouvrage contient “ de
graves ambiguïtés et des difficultés sur des points doctrinaux qui
peuvent conduire le lecteur à des opinions erronées ou dangereuses ”,
la Congrégation pour la Doctrine de la Foi publie une mise au point
doctrinale qui a été approuvée par Jean-Paul II durant l’audience du
21 novembre 2000 et confirmée le 19 janvier 2001.
Le
père Jacques Dupuis, dit la Notification, “ s’est engagé à
reconnaître les thèses énoncées et à s’en tenir à l’avenir, dans
ses activités théologiques et ses publications, aux contenus doctrinaux
indiqués ”. Il s’est engagé aussi à faire figurer la Notification
de la Congrégation pour la Doctrine de la foi dans toute réédition,
réimpression et traduction de son ouvrage.
Voici
les cinq points doctrinaux rappelés par la Notification
(dont on trouvera le texte intégral sur le site internet du Vatican et,
bientôt, dans la Documentation catholique) :
I.
A propos de la médiation salvifique unique et universelle de
Jésus-Christ
1.
Il faut croire fermement que Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme,
crucifié et ressuscité, est le médiateur unique et universel du salut
de toute l’humanité.
2.
Il faut aussi croire fermement que Jésus de Nazareth, Fils de Marie et
seul Sauveur du monde est le Fils et le Verbe du Père. En raison de l’unité
du plan divin de salut, qui a son centre en Jésus-Christ, il faut tenir
en outre que l’oeuvre salvifique du Verbe est accomplie dans et par
Jésus-Christ, Fils incarné du Père, en tant que médiateur du salut de
toute l’humanité. Il est donc contraire à la foi catholique non
seulement d’affirmer une séparation entre le Verbe et Jésus ou une
séparation entre l’action salvifique du verbe et celle de Jésus, mais
aussi de soutenir la thèse d’une action salvifique du verbe comme tel
dans sa divinité, indépendamment de l’humanité du Verbe incarné.
II.
A propos de l’unicité et de la plénitude de la révélation de
Jésus-Christ
3.
Il faut croire fermement que Jésus-Christ est le médiateur, l’accomplissement
et la plénitude de la révélation. Il est donc contraire à la foi de l’Eglise
de soutenir que la révélation par/en Jésus-Christ soit limitée,
incomplète ou imparfaite. En outre, même si on ne possédera la pleine
connaissance de la vérité divine qu’au jour de la venue glorieuse du
Seigneur, la révélation historique de Jésus-Christ offre tout ce qui
est nécessaire pour le salut de l’homme et n’a pas besoin d’être
complétée par d’autres religions.
4.
Il est conforme à la doctrine catholique d’affirmer que les graines de
vérité et de bonté qui se trouvent dans les autres religions
participent d’une certaine manière aux vérités contenues par/en
Jésus-Christ. Par contre, considérer que ces éléments de vérité et
de bonté, ou certains d’entre eux, ne dérivent pas ultimement de la
méditation-source de Jésus-Christ, est une opinion erronée.
III.
A propos de l’action salvifique universelle de l’Esprit Saint
5.
La foi de l’Eglise enseigne que l’Esprit Saint, à l’oeuvre après
la résurrection de Jésus Christ, est encore l’Esprit du Christ envoyé
par le Père qui opère de manière salvifique aussi bien dans les
chrétiens que dans les non-chrétiens. Il est donc contraire à la foi
catholique de considérer que l’action salvifique de l’Esprit Saint
puisse s’étendre au-delà de l’unique économie salvifique
universelle du Verbe incarné.
IV.
A propos de l’ordination de tous les hommes à l’Eglise
6.
Il faut croire fermement que l’Eglise est signe et instrument de salut
pour tous les hommes. Il est contraire à la foi catholique de considérer
les diverses religions du monde comme des voies complémentaires à l’Eglise
pour ce qui est du salut.
7.
Selon la doctrine catholique, les adeptes des autres religions sont eux
aussi ordonnés à l’Eglise et sont tous appelés à en faire partie.
V.
A propos de la valeur et de la fonction salvifique des traditions
religieuses
8.
Selon la doctrine catholique, il faut tenir que “ ce que l’Esprit fait
dans le coeur des hommes et dans l’histoire des peuples, dans les
cultures et les religions, remplit une fonction de préparation
évangélique (cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 16) ”. Il est
donc légitime de soutenir que l’Esprit Saint pour sauver les
non-chrétiens, utilise aussi les éléments de vérité et de bonté qui
se trouvent dans les diverses religions, mais considérer comme voie de
salut ces religions, prises comme telles, n’a aucun fondement dans la
théologie catholique ; en effet, elles présentent des lacunes, des
insuffisances et des erreurs sur les vérités fondamentales regardant
Dieu, l’homme et le monde.
En
outre, le fait que les éléments de vérité et de bonté des
différentes religions puissent préparer les peuples et les cultures à
accueillir l’événement salvifique de Jésus-Christ, ne suppose pas que
les textes sacrés des autres religions puissent être considérés comme
complémentaires à l’Ancien Testament, qui est la préparation
immédiate à l’évènement du Christ.
Cette
Notification est uniquement consacrée aux religions
non-chrétiennes ; alors que Domini Jesus évoquait aussi les
confessions non-catholiques et l’oecuménisme. Cette Notification,
si elle est une critique de certaines tendances actuelles de la théologie
des religions, peut aussi être lue comme une clarification de certains
actes de Jean-Paul II. Des initiatives spectaculaires, et contestées,
comme la rencontre des religions à Assise, le 27 octobre 1986, doivent
être interprétées à la lumière de cette Notification qu’il
sera difficile d’accuser de syncrétisme.
II.
RENFORCEMENT DE LA COMMISSION PONTIFICALE ECCLESIA DEI
La
Commission avait été instituée par le motu proprio Ecclesia Dei
du 2 juillet 1988 “ pour faciliter la pleine communion ecclésiale des
prêtres, séminaristes, communautés ou simples religieux et religieuses
jusque là liés de quelque manière à la Fraternité fondée par Mgr
Marcel Lefebvre, et qui souhaitent restés unis au Successeur de Pierre
dans l’Eglise Catholique. ”
Depuis
avril 2000, cette Commission est présidée par le cardinal Dario
Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé. Ses
deux initiatives les plus spectaculaires ont été, jusqu’ici, ses
interventions dans la vie interne de la Fraternité Saint-Pierre (avec la
nomination d’un nouveau supérieur) et l’ouverture de discussions avec
la Fraternité Saint-Pie X (discussions non achevées à ce jour).
Le
samedi 24 février, Jean-Paul II a institué un conseil de quatre
membres qui viendra assister le Président de la commission. Ce
conseil est composé du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi ; du cardinal Jorge Medina
Estevez, préfet de la Congrégation pour le culte divin ; du cardinal
Louis-Marie Billé, archevêque de Lyon et de Mgr Julian Herranz,
président du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes
législatifs.
Ce
renforcement notable de la Commission Ecclesia Dei et la présence,
pour la première fois, d’un Français dans ses organes de direction, ne
sont sans doute pas sans rapport avec les discussions ouvertes
actuellement avec la Fraternité Saint-Pie X.
III.
REVUE DES REVUES
.
Pio IX (Palazzo dei Canonici, 00120 Cité du Vatican), la revue de
la postulation du bienheureux Pie IX publie, en un numéro spécial de 125
pages, les actes du symposium international qui s’est tenu à Rome le 14
septembre 2000 :
-
cardinal Vincenzo Fagiolo La santità di Pio IX ed il suo messagio oggi
;
-
cardinal Alfons Maria Stickler, Due perle del Pontificato di Pio IX : l’Immacolata
Concezione e l’Infaillibilità Papale ;
-
Walter Brandmüller, Il concilio Vaticano I nella storiografia ;
-
Francesco Leoni, Pio IX e la storiografia italiana ;
-
Yves Bruley, Pie IX vu par les Français : itinéraire dans les sources
et l’historiographie ;
-
Yves Chiron, Pie IX et la Franc-Maçonnerie.
.
Certitudes (23 bis rue des Bernardins, 75005 Paris) publie dans le
n° 4 de sa nouvelle série (128 pages, 50 F), un très abondant dossier
consacré à “ La gnose éternelle, hérésie et nouvelle religion ”.
Par rapport aux élucubrations que l’on a pu lire depuis de nombreuses
années dans plusieurs publications traditionalistes, on a là une série
d’approches sérieuses et d’un grand intérêt. Sous la plume de
Paul Sernine (pseudonyme d’un ecclésiastique, semble-t-il) on trouve
une magistrale réfutation de la notion de “ gnose ” qu’ont
diffusée Etienne Couvert et ses (défunts) Cahiers Barruel. On
appréciera, entre autres, l’étude de la pensée de F. Schuon par l’abbé
Christophe Héry qui montre qu’il s’agit, en fait, d’une
pensée de l’immanence. Intéressant aussi le témoignage de
deux “ rescapés d’une secte gnostique ”.
Si
la justice est de à rendre à chacun ce qui lui est dû, il semble que
cette définition soit inconnue de certaines publications catholiques.
Coup sur coup, l’une reproduit intégralement un document publié par Alètheia
sans citer sa source ; l’autre reprend dans un article tous les
éléments d’information parus dans Alètheia n° 8, p. 1 à 3, y
compris certains détails significatifs, sans citer, elle non plus, sa
source.
Alètheia
n’est pas une publication commerciale. Ses lecteurs ne lui doivent rien,
ses utilisateurs non plus, si ce n’est une utilisation juste
quand il s’agit d’informations qu’on ne trouve pas ailleurs. |